On n'avait pas vu pareil désamour pour l'or en cinq ans et demi. Sur le Comex à New York, le nombre de paris à la hausse de l'or papier s'est effondré de 27 % depuis le début de l'année. Même désaffection de la part des investisseurs dans les trackers, ces fonds d'investissement adossés au lingot d'or : le plus important d'entre eux, le SPDR Gold Trust, s'est délesté de 111 tonnes d'or depuis janvier, soit plus en deux mois que ses achats de toute l'année dernière.
A moins de 1 580 dollars l'once, l'or a perdu 6 % de sa valeur depuis le début de l'année. S'il n'attire plus autant, c'est que les investisseurs se sont tournés à nouveau vers d'autres placements, plus risqués, mais plus profitables en ce moment : les actions des entreprises. A Wall Sreet, l'indice Dow Jones qui regroupe les 30 plus grosses cotations industrielles, a battu son record de 2007 !
L'optimisme est de mise : l'économie américaine semble avoir de nouveau le vent en poupe, avec des embauches qui augmentent aux Etats-Unis. Le dollar a repris de la valeur, ce qui écarte pour l'instant les craintes d'inflation qui profitaient à l'or, tant la Banque fédérale américaine avait usé de la planche à billet.
L'or a donc momentanément perdu sa valeur refuge. Néanmoins, le prix du métal précieux devrait trouver un soutien auprès des banques centrales, qui vont continuer à acheter de l'or ; auprès des acheteurs d'or physique, qui vont de nouveau acquérir du métal jaune, maintenant qu'il n'est plus aussi ruineux. L'or pourrait aussi très vite redevenir une valeur refuge face à l'inflation qui vient de remonter en Chine ou face à la crise de la dette européenne, prête à repartir après la dégradation de la note italienne.