L’avenir à peine contrarié de l’industrie nucléaire

Deux ans après la catastrophe de Fukushima, l'industrie nucléaire n'a toujours pas vraiment redémarré mais son avenir est assuré.

 

Dans les pays occidentaux, l'attentisme prévaut. Et pourtant, l'énergie nucléaire a encore le vent en poupe, selon l'Agence internationale à l'énergie qui regroupe les plus grands consommateurs. D'après ses prévisions, l'énergie d'origine nucléaire va continuer à progresser. Il y aura une fois et demie plus de capacités de production nucléaire en 2035.

Le monde est aujourd'hui divisé en deux : d'un côté les pays qui ont stoppé ou au moins ralenti leur course à l'atome civil à cause de la catastrophe nippone et de l'autre, les grands pays émergents qui continuent sur une trajectoire de développement rapide du nucléaire pour satisfaire des besoins grandissants, il s'agit essentiellement de la Russie et de la Chine.

Près de la moitié des futures centrales nucléaires seront construites dans l'empire du milieu d'ici douze ans. Hors de ces deux grands pays volontaristes en la matière, les projets se comptent sur les doigts d'une seule main pour 2012. Le Bangladesh, le Vietnam et la Biélorussie ont été les trois uniques chantiers ouverts l'année dernière.

Les nouveaux freins à l'atome civil

L'hostilité des citoyens est une barrière de plus en plus haute à franchir. C'est l'opposition populaire au nucléaire qui a motivé le renoncement des Allemands par exemple. C'est aussi à cause de la pression citoyenne que le gouvernement japonais temporise. La nouvelle équipe au pouvoir a bien l'intention de redémarrer au plus vite un certain nombre de réacteurs mais la décision ne sera pas prise avant les élections sénatoriales prévues en juillet, car le sujet est beaucoup trop sensible politiquement.

L'autre frein au développement du nucléaire est beaucoup plus terre à terre, c'est son coût grandissant et sa rentabilité aléatoire. Les coûts ont été alourdis par les nouvelles mesures de sécurité exigées depuis deux ans. Quant à la rentabilité, elle varie d'un pays à l'autre en fonction du contexte énergétique. Au Royaume-Uni, par exemple, l'électricité nucléaire qui sortira de la centrale qu'Areva et Edf espèrent bien construire pourrait être deux fois plus chère que la production conventionnelle.

Les deux fleurons français du nucléaire revoient leur développement à l’international

Officiellement tout va bien pour les opérateurs historiques. Luc Oursel, le patron d'Areva, qui était hier en déplacement à Varsovie, affirme que la confiance dans le nucléaire se rétablit en Europe. La Pologne doit d'ailleurs lancer un appel d'offre pour la construction d'une centrale dans le courant de l'année. Mais les projets se raréfient et la concurrence des nouveaux champions des pays émergents est rude, Rosatom pour les Russes ou Kepco pour les Sud-Coréens sont en embuscade.

Areva comme Edf se sont donc repositionnés sur des activités jusqu'à maintenant secondaires : la sécurité, la maintenance ainsi que la prolongation des centrales existantes qui offrent des perspectives d’avenir. Cette mutation des grands opérateurs nucléaires, c'est un peu le fruit amer de Fukushima. Mais la fin de l'industrie nucléaire n'est sans doute pas pour demain. Tant que les énergies renouvelables ne seront pas compétitives, le nucléaire civil est la seule alternative aux énergies fossiles.

En bref dans l'économie

Les salaires augmentent en Allemagne

Ils grimpent plus vite que dans les autres pays de l'Union selon les statistiques allemandes. Le coût horaire a cru de 2,6 % en 2012 en Allemagne, contre 1,9 % en moyenne dans l'Union. Après des années de disette salariale, Berlin lâche du leste, cela fait deux ans que les salaires des employés augmentent régulièrement.

Les bénéfices des grands groupes américains à l'abri

C'est ce que révèle le Wall Street Journal qui a effectué une enquête auprès de 60 entreprises. 40 % des bénéfices de ces entreprises ont échappé à l'impôt. Elles préfèrent les immobiliser dans des paradis fiscaux pour éviter les taxes comme le leur autorise la réglementation fiscale.

 

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