La Chine accuse les géants du fer de manipuler les prix

En six mois, les prix du minerai de fer ont quasiment doublé. Alors la Chine, principal client des grands géants miniers australiens et brésiliens, les accuse de manipuler les prix.

La pilule a été un peu dure à avaler pour les aciéristes chinois. Ils ont vu le prix de leur matière première principale, le fer, passer de moins de 80 dollars en septembre à près de 160 dollars le mois dernier. Le secteur de l'acier souffre déjà beaucoup en Chine, après une mauvaise année 2012. Mais il n'a pu faire autrement que de revenir aux achats de minerai de fer depuis l'automne, après avoir épuisé ses stocks. Or désormais c'est le marché au comptant, le marché spot au jour le jour, qui dicte les prix des contrats avec les grands groupes brésilien ou australiens du fer, Vale, Rio Tinto et BHP Billiton. Les contrats annuels, qui assuraient une grande stabilité des prix depuis quarante ans, ont été enterrés en 2010.

La Chine a toujours en travers de la gorge ce coup de force des 3 géants miniers. Aujourd'hui, elle les accuse d'avoir retardé des cargos pour faire monter les prix, mais ce sont surtout les pluies au Brésil et les cyclones en Australie qui ont retardé les livraisons. La Chine accuse aussi les géants du fer d'avoir manipulé les transactions de la nouvelle plate-forme qui enregistre les prix spot, à partir desquels les groupes miniers fixent ensuite le prix de leurs contrats. Là, Pékin n'a peut-être pas totalement tort. Le volume de minerai disponible sur le marché spot est tellement faible depuis que l'Inde, habituellement prépondérante sur ce marché au jour le jour, a sévèrement restreint ses exportations pour lutter contre l'extraction illégale, que les prix sont très facilement orientables dans un sens ou dans l'autre. La presse chinoise accuse ainsi l'un des trois géants du fer, BHP Billiton, d'avoir acheté 100 000 tonnes de fer à travers cette plate-forme, rien que pour maintenir les prix spot au plus haut.

Le géant australien répond qu'acheter et vendre pour équilibrer les comptes, c'est une pratique courante des producteurs, des négociants et des aciéristes ! L'autre géant australien du fer, Rio Tinto, préfère se taire, un de ses salariés a déjà payé d'une condamnation pour espionnage le ratage d'une prise de participation chinoise. Quant au Brésilien Vale, il n'a pas encore répliqué, mais le numéro un mondial du fer est en pleine négociation pour que ses nouveaux cargos géants puissent enfin s'amarrer dans les ports chinois.

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