Le plongeon des prix du minerai de fer

Les aciéries chinoises ont stoppé leurs achats de minerai de fer étranger, les prix sont au plus bas depuis près de trois ans. 

Qu'il était doux finalement le temps où les prix du minerai de fer étaient fixés pour un an... Les négociations pouvaient être ardues entre les acheteurs, les géants de la sidérurgie, et les fournisseurs, les grands groupes miniers, mais à leur issue chacun pouvait anticiper ses investissements annuels sans trop de surprise.

Près de deux ans et demi après l'abandon de ce système de prix annuels, la volatilité des prix se retourne aujourd'hui contre les groupes miniers qui l'avaient mis en pièce. Car les principaux acheteurs, les aciéristes chinois, sont aux abonnés absents sur le marché du fer ; confrontés à une demande intérieure en berne pour les infrastructures, que Pékin ne relancera sans doute pas avant la prochaine relève à la tête du pays, les hauts fourneaux chinois épuisent leur stocks et dénoncent à tour de bras leurs contrats de minerai de fer étranger, en toute... illégalité. Cela ne fait qu'empirer le plongeon des prix. De 135 dollars, la tonne de fer a chuté sous les 90 dollars en moins de deux mois.

Du coup, le quatrième producteur mondial, l'Australien Fortescue, vient de renoncer à ses projets pour développer la production. Il serait trop risqué pour cet acteur minier de taille moyenne, de les financer. Que dire des tout petits acteurs qui se sont multipliés dans le minerai de fer ces dernières années.

Les trois géants du fer, le Brésilien Vale et les Australiens BHP et Rio Tinto amortissent plus facilement ces pertes de revenus, ils disposent en outre des infrastructures ferroviaires et portuaires pour économiser sur toute la chaîne. Ce qui permet au directeur de la division "métaux ferreux" de Rio Tinto de fanfaronner ; cette chute des prix serait d'après lui providentielle, comme le partage des eaux de la mer Rouge : elle permettrait d'abattre des concurrents et d'y voir enfin plus clair ! Pour les autorités australiennes, c'est en revanche une sacré tuile : les revenus du premier exportateur mondial de fer, 30 % de ses ressources à l'export, s'effondrent.

Or le gouvernement avait misé sur sa super taxe minière pour combler dès l'an prochain le déficit abyssal du budget. La descente aux enfers des prix du fer aura cependant une limite : celle de la rentabilité des mines chinoises ; ce sont les plus coûteuses de la planète et si elles se mettent à fermer, le prix du minerai remontera automatiquement.

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