Diane 35, une nouvelle flèche dans le flanc de l’industrie pharmaceutique

La pseudo pilule Diane 35 va-t-elle se transformer en nouvelle affaire Mediator ? C'est ce que redoute l'industrie pharmaceutique.

Il y a effectivement des similitudes entre les deux affaires. Les deux médicaments comportent des risques importants pour la santé et leur usage a été détourné, ce qui a permis d'accroître considérablement leur part de marché. Diane 35, lancé pour soigner l'acné, est prescrit depuis 20 ans comme un contraceptif. Le Mediator était, lui, un anti-diabétique administré comme coupe-faim. On ne connaît pas encore le nombre total de femmes qui ont souffert des effets secondaires de Diane 35, mais il y a eu au moins 6 cas mortels, alors qu'il est avéré que des milliers de personnes, voire beaucoup plus, ont été victimes du Mediator. Avec cette nouvelle affaire qui monte, les laboratoires craignent un durcissement réglementaire. Les décrets de la loi Bertrand, adoptée il y a un peu plus d'un an dans la foulée du scandale du Mediator, pourraient être encore plus sévères que prévu.

Les labos devront être plus transparents

Les nouvelles dispositions de cette loi dite de sécurité du médicament va obliger les laboratoires à plus de transparence. Les avantages accordés aux médecins par l'industrie devront être déclarés, et cela pour tous les cadeaux de plus de 10 euros, selon la rumeur qui court sur internet. Ensuite, c'est la fin des visites individuelles, les représentants des industriels rencontreront les prescripteurs dans des réunions collectives. Enfin, la loi prévoit des études d'impact en milieu réel, c'est-à-dire qu'on va s'intéresser aux effets d'un médicament prescrit. Etudes qu'il faudra bien financer. L'industrie qui commence seulement à renouer avec la croissance, n'a pas envie de voir ses marges grignoté par ces nouveaux règlements qui doivent être publiés dans les prochains jours.

Les nouvelles exigences supportables pour cette industrie

La pharmacie est en bonne santé, elle fait partie des rares industries françaises en croissance. Ensuite, les industriels français du médicament gagnent surtout de l'argent à l'exportation. Après une année 2011 calamiteuse, ils ont redressé leur production l'année dernière, grâce au marché extérieur. Le contexte français de restriction budgétaire pour les dépenses de santé, ainsi que la promotion du générique, rend de toute façon leur métier beaucoup moins rentable sur le plan domestique. Quand ils font planer la menace de ne pas sortir de nouveaux médicaments sur le marché français s'il devient trop contraignant, on a du mal à les prendre au sérieux, ils se priveraient d’une occasion de doper leurs ventes sur le plan national. Par ailleurs, il faut savoir qu'aucune nouvelle molécule n'est attendue cette année.

Qu'est-ce qui justifient vraiment leurs plaintes ?

Sans doute le climat de défiance à l'égard du médicament dans un pays qui en est pourtant l'un des plus gros consommateurs. Ils estiment que les pouvoirs publics doivent faire de la pédagogie sur l'usage et les risques du médicament. Et puis les industriels mettent le doigt sur une réalité souvent occultée. L'argent des labos sert à la collectivité pour financer des recherches comme pour accompagner les médecins dans l'usage des médicaments. Un seul chiffre pour l'illustrer : il y a 18 000 visiteurs médicaux envoyés par les labos auprès des médecins et seulement 1 000 délégués salariés de l'Assurance maladie pour éclairer ces médecins sur l'usage d'une molécule.
 

 

 

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