La récolte de sucre est phénoménale au Brésil, le premier exportateur mondial, elle est très belle aussi en Thaïlande et au Mexique. La Chine devrait être autosuffisante en 2012-2013. Bref, l'offre de sucre dépasse de loin la demande mondiale. Le surplus pourrait atteindre 6 à 9 millions de tonnes, pour une production de 177 millions. Alors les cours du sucre n'en finissent pas de fondre ; depuis leur record de l'an dernier, ils ont perdu 40% à Londres comme à New York.
Pourtant en Europe, les confiseurs et l'industrie se plaignent de ne pas profiter de la baisse des cours mondiaux de leur matière première. Le prix auquel ils paient le sucre en Europe est 30% à 40% plus cher, parce que la récolte européenne, principalement de betterave sucrière, a au contraire été très mauvaise. Il y a plus souvent pénurie que surplus de sucre dans l'Union européenne, depuis la réforme de 2006, qui a fait disparaître les subventions à la culture betteravière et imposé des quotas de production très restrictifs. Beaucoup de pays européens ont alors arraché les superficies qui n'étaient plus rentables, et ont fermé de nombreuses raffineries. Or l'Europe n'importe pas non plus librement le sucre des pays tiers. Les droits de douane sont prohibitifs. Seul le sucre des pays les moins avancés, notamment d'Afrique, bénéficie de tarifs préférentiels pour entrer dans les ports européens.
Mais l'offre de ces pays tiers à l'Europe n'est pas suffisante, d'autant qu'ils préfèrent souvent exporter vers les Etats voisins, où le sucre est aussi bien payé, avec moins de coûts de fret... C'est le cas de Maurice qui vend des quantités de sucre à Madagascar plutôt qu'à l'Europe. Résultat, en attendant qu'en Europe on supprime les quotas de production sucrière, en 2015, voire en 2020, les prix du sucre auront l'occasion de diverger encore quelque temps des cours mondiaux. Comme cette année, où selon les confiseurs européens, la facture de sucre a un goût bien amer !