Les prix du sucre fondent et leur chute s'est même accentuée ce mois-ci, pour la bonne raison que l'on entre-aperçoit à nouveau une production pléthorique au Brésil au printemps prochain. Dans les champs de canne du premier producteur et exportateur mondial, les très belles récoltes se succèdent depuis 2010-2011.
De son côté, l'Australie a cette année augmenté sa production, l'Inde, pourtant premier consommateur mondial de sucre, se demande si elle ne sera pas exportatrice nette, cette année. L'Europe et la Russie voient aussi progresser leurs tonnages de sucre, de betterave cette fois. Alors, depuis l'an dernier, après quatre années de déficit, la planète produit plus de sucre qu'elle n'en consomme, d'autant que la crise a bien freiné la demande.
La Chine a aussi une belle production nationale avec les importations massives réalisées jusqu'à l'été. Le deuxième consommateur mondial de sucre a des stocks à ras bord, au point que les cargos sucriers seraient en ce moment détournés des côtes chinoises vers d'autres destinations, l'Inde, l'Indonésie et la Malaisie. Les pays du Moyen-Orient, gros acheteurs de sucre, feraient aussi la fine bouche actuellement dans l'attente d'une baisse supplémentaire des prix. Des prix qui se tassent donc, mais qui restent tout de même, dans ce contexte de surabondance sucrière, à un niveau très élevé : un peu moins de 20 cents la livre de sucre roux, 545 dollars la tonne de sucre blanc, c'est à peu près le niveau d'août 2009, et à l'époque, on était encore en situation de pénurie !
On est donc loin de l'effondrement des cours et pas près de retrouver les prix cassés d'avant 2006. D'autant que le Brésil, avec son surplus de canne à sucre, pourrait combler opportunément la soif d'éthanol aux États-Unis, où le maïs, dévasté, lui, par la sécheresse, va cruellement manquer aux fabriquants de biocarburants, intégré en quantité croissante dans les réservoirs des véhicules américains.