Il y a trois ans, l'Inde, soumise à une mauvaise récolte de canne, avait décrété un embargo sur ses exportations de sucre. Il s'agissait de pouvoir continuer à fournir l'édulcorant à un prix raisonnable à la population indienne, la plus grande consommatrice de sucre au monde. Cette année la situation est plus confortable. Alors Delhi a autorisé 2 millions de tonnes puis à nouveau 1 million de tonnes d'exportations de sucre, lundi dernier. Une décision qui contribue à calmer les prix, très élevés depuis trois ans. La demande mondiale de sucre ne fait que croître, alors que les accidents de production ont été multiples.
Le Brésil l'an dernier a connu le premier déclin de sa production en 10 ans. Le renouvellement des plantations brésiliennes, trop longtemps reporté à cause de la crise, avait fini par amputer la récolte. Un choc pour le marché mondial, puisque le Brésil, c'est 50% du sucre disponible à l'exportation. Heureusement la récolte qui va commencer le mois prochain, dans le centre-sud du Brésil, sera meilleure, même si le temps sec donne encore quelques frayeurs. Et les pays exportateurs dits secondaires, encouragés par les prix très rémunérateurs des dernières années, auront des récoltes record cette année.
L'Inde, on l'a dit, l'Australie, et surtout la Thaïlande pour la canne à sucre. Côté betterave à sucre, la Russie a tellement planté, qu'elle est devenue exportatrice de sucre, un événement, souligne Alexandre Valenza-Troubat de Marex Commodities, si l'on se rappelle combien les Russes ont été dépendants du sucre cubain pendant des décennies.
La progression importante de l'offre que l'on observe cette année devrait aboutir à un surplus de près de 8 millions de tonnes d'ici l'automne prochain, quatre fois le surplus de l'an dernier, ce qui plafonnera les prix. Mais les cours resteront élevés malgré tout. Il va falloir refournir les stocks, comme ceux de l'Union européenne, qui est sur le point d'ouvrir un peu plus ses frontières au sucre des pays tiers. Et puis les prix du sucre restent très liés désormais au prix du pétrole, via ceux de l'éthanol, puisqu’une partie de la production de sucre est réservée à la fabrication de biocarburants.