Il n'est pas possible de fabriquer l’hélium de manière artificielle. Pour l'heure, c’est un co-produit du gaz naturel, et il est plus ou moins abondant selon les gisements. Le champ gazier d'Amarillo, au nord du Texas, fait des Etats-Unis le premier pays producteur d'hélium, avec les trois quarts de l'offre mondiale. Mais l'usine américaine est vieillissante, tout comme le réseau de gazoducs, construits dans les années 1920, pour assurer l'approvisionnement de l'aviation militaire. Les installations sont en cours de maintenance, d'où un ralentissement de la production. Le deuxième exportateur mondial, c'est l'Algérie, où l'hélium est produit lors de la liquéfaction du gaz naturel. Mais l'Algérie produit moins de ce gaz naturel, expédié par bateau, depuis que l'Europe a ralenti sa consommation de gaz, ce qui fait chuter d'autant les quantités d'hélium algérien.
Or dans le même temps, la consommation d'hélium s'est fortement accrue, notamment dans les pays émergents, en Chine, en Inde. L'hélium n'est pas uniquement le gaz des ballons plus légers que l'air : il sert à refroidir les aimants des scanners dans l'imagerie médicale, il sert à la fabrication des puces électroniques, à la fibre optique. D'où la pénurie actuelle et l'augmentation des prix : trois dollars le m3, c'est déjà le double du prix de l'an 2000 et l'industriel américain Praxair annonce 30% de hausse en janvier prochain.
Le Japon, premier importateur d'hélium, s'inquiète. La société nippone Taiyo a monté une co-entreprise avec une compagnie américaine dans l'Etat du Wyoming pour développer l'extraction de l'hélium ; elle vient aussi de s'associer au géant russe Gazprom pour produire de l'hélium à Belogorsk, en Sibérie orientale.
En attendant, le rationnement a déjà commencé au Japon : finis les ballons gonflés à l'hélium au Disneyland de Tokyo. Un chimiste de l'université de Cambridge en Grande-Bretagne, a même lancé un appel à l'interdiction de cette coutume foraine : lâcher les ballons d'hélium dans le ciel.