Les quatorze pays viticoles de l'Union européenne, France en tête, bataillent depuis des mois contre la libéralisation des droits de plantation de la vigne, avec le soutien des organisations de producteurs. Cette réforme prévoyait d'augmenter sans contrainte les surfaces de vigne à partir de 2016. Elle avait été entérinée il y a quatre ans par les gouvernements européens ; la pilule était passée grâce au milliard d'euros de subventions accordées par Bruxelles pour achever l'arrachage des vignes qui n'étaient plus compétitives.
Mais depuis, l'euphorie sur le marché du vin est un peu retombée. Ce que craignent aujourd'hui les pays viticoles et les viticulteurs traditionnels, c'est une augmentation inconsidérée de la production européenne, surtout celle des vins sans indication géographique, qui seraient produits moins cher grâce à la mécanisation sur des sols plus faciles, ce qui serait susceptible de tirer vers le bas le prix de toutes les qualités de vin, et qui mettrait en péril les exploitations. La Commission, qui a mis un peu d'eau dans son vin ultra-libéral, a donc choisi le compromis : les droits de plantation sont maintenus, L'autorisation d'augmenter les surfaces sera strictement limitée à un pourcentage annuel, au niveau européen, avec la possibilité pour les Etats membres de rester en deçà.
Car c'est dans ce pourcentage, encore inconnu, que réside toute la nuance. 2 % par an, ce serait trop important aux yeux des viticulteurs traditionnels : cela permettrait en trois ans, de replanter ce qu'on a arraché au cours de la décennie précédente ! En revanche, ce compromis satisfait pleinement le Comité européen des entreprises du vin, qui représente aussi l'industrie et le commerce du vin. Il espère, en augmentant progressivement la production, imposer plus de vin européen sur le marché communautaire et sur le marché mondial pour lui faire regagner les parts de marché perdues au profit des vins du Nouveau Monde.