Tempête sur la banane philippine

Le typhon qui a ravagé le sud des Philippines a fait plus de 700 morts. Il a aussi dévasté les plantations de banane dont les Philippines sont devenues le troisième exportateur mondial, derrière l’Équateur et le Costa Rica.

C'est décidément une année noire pour la banane aux Philippines, une ressource devenue importante pour le pays. En emplois : 200 000 agriculteurs travaillent dans les bananeraies. Et en devises : plus de 720 millions de dollars annuels. Au mois de mars, déjà, les ventes avaient ralenti à cause des contrôles phytosanitaires tatillons de la Chine : les cargaisons de bananes philippines étaient bloquées dans les ports - des tracasseries en réalité motivées par des raisons politiques, la Chine se vengeant des prétentions philippines sur les îles Spratleys.

Or, la Chine, c'est le deuxième marché de la banane philippine (500 000 tonnes d'importations), derrière le Japon qui importe plus d'un million de tonnes, un cinquième de la production nationale. Si l'on ajoute la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande, les Philippines avaient la main sur la demande en Asie et en Océanie, et un accès au marché du Moyen-Orient.

Mais une maladie s'est répandue au cours des derniers mois sur les bananiers : la fusariose. Et désormais avec l'ouragan, qui aurait détruit un quart des bananeraies, ce ne sont pas seulement des pertes financières pour le secteur - au minimum 140 millions de dollars rien que d'ici la fin de l'année selon Reefer Trends, l'agence de presse du transport frigorifique. Mais les Philippines risquent de voir leurs clients traditionnels se tourner vers d'autres fournisseurs et peut-être durablement.

Les exportateurs d'Amérique centrale devraient en tirer profit, au moins cette année. Car les prix risquent de grimper avec une demande asiatique qui s'ajoutera à leurs marchés traditionnels d'Europe et d'Amérique du Nord. D'autant que la production mondiale de banane est déjà moins abondante cette année, notamment en Equateur, le premier exportateur mondial. L'ouragan philippin promet une belle pagaille dans les échanges mondiaux de ce fruit. Beaucoup de contrats fixés à un certain prix, il y a plusieurs mois, risquent d'être dénoncés par opportunisme, lorsque les prix de la banane vont flamber.

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