L'avenir très lointain du gaz de schiste en France

Le gaz de schiste finira peut-être par sortir de terre en France, mais étant donné les obstacles juridiques et politiques, ce sera au mieux au milieu de la prochaine décennie, selon les industries para-pétrolières françaises. En attendant, ces entreprises essaient de convaincre que leurs techniques sont fiables et perfectibles.

 

En France, la porte était fermée au gaz de schiste depuis la loi de 2011 interdisant la fracturation hydraulique, seule méthode d'extraction à ce jour. Mais le nouveau gouvernement français a entrouvert la fenêtre en insistant sur le fait que la recherche, elle, n'était pas interdite sur le sujet.

Alors les entreprises parapétrolières françaises, qui, de Technip à CGG Veritas en passant par Vallourec, ont des projets dans le gaz de schiste aux quatre coins de la planète, en profitent pour expliquer en France qu'elles maîtrisent déjà les techniques en la matière. L'étanchéité des puits ? Elles savent faire. Le risque de séisme ? Il est prévisible, et les vibrations provoquées par la fracturation seraient, d'après elles, inférieures sur l'échelle de Richter au passage d'une rame de métro. L'impact visuel d'une forêt de puits ? Il peut être limité si l'on regroupe les puits plutôt que de les disséminer tous les 300 mètres comme aux Etats-Unis, les Français seraient d'ailleurs les champions de ces « forages en dérivation ». Quant aux additifs utilisés dans l'eau pour expulser le gaz, ils seraient de moins en moins chimiques et de plus en plus d'origine agro-alimentaire.

Le réel problème qui perdure, ces entreprises parapétrolières le reconnaissent, c'est celui de l'eau nécessaire en abondance (10 à 20 m3 par fracturation). Une solution serait d'utiliser de l'eau usée traitée ou de l'eau de très grande profondeur qui n'est pas potable, voire de l'eau de mer. Injecter non pas de l'eau mais un autre gaz, comme du propane, serait une nouvelle piste et on ne parlerait alors plus de fracturation « hydraulique ».
Si les expérimentations étaient acceptées, il faudrait encore, selon la profession, dix à quinze ans avant que le premier mètre cube de gaz de schiste sorte du sol français. Sauf bien sûr si les députés écologistes parviennent à faire interdire totalement en France l'exploitation de cet hydrocarbure, quelle que soit la technique.

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