La moindre rumeur en provenance de Russie fait frémir les cours du blé. Alors qu'ils étaient à la baisse vendredi 21 septembre, ils se sont brutalement repris après la déclaration du vice-ministre russe de l'Economie évoquant une prochaine restriction des exportations de blé.
Depuis quelques semaines, en Russie, deux forces contradictoires s'opposent au sein du gouvernement. Il y a ceux qui au ministère de l'Economie s'inquiètent de l'inflation, et qui ralentiraient volontiers les exportations de blé pour calmer la hausse très forte des prix en Sibérie, où l'on va bientôt manquer de blé tant la récolte a été amputée par la sécheresse. Et il y a ceux qui, au ministère de l'Agriculture, souhaitent préserver l'image de la Russie comme exportateur fiable sur le marché international. Une image qui a été sévèrement écornée en 2010, lorsque Moscou a brutalement décrété un embargo sur son blé, faisant voler en éclat tous les contrats préalables et créant la panique chez ses acheteurs, qui ont dû en catastrophe se reporter sur d'autres origines pour couvrir leurs besoins.
Deux ans plus tard, la récolte de la Russie n'est pas beaucoup plus brillante en volume, et les stocks sont beaucoup plus bas qu'en 2010. Mais cette fois, Moscou devrait opérer de façon plus douce pour préserver à la fois ses besoins nationaux et satisfaire ses clients étrangers. L'embargo est a priori exclu ; la création de taxes dissuasives à l'export est de même peu probable.
Mais d'ici un mois à un mois et demi les expéditions depuis les ports de la mer Noire devraient se tarir peu à peu, peut-être avec le soutien discret des autorités russes pour ralentir les transports ferroviaires, ce qui devrait garantir suffisamment de blé à un prix correct pour les Russes. En parallèle, il n'est pas exclu que pour continuer à exporter son blé, la Russie conserve pour ses propres besoins le blé du Kazakhstan qui rejoint habituellement ses ports pour prendre les mers. Et que Moscou importe aussi du blé de Biélorussie, pour alimenter le nord de la Russie.