C'est juste avant la fermeture du marché new yorkais que le cours du brut a subitement piqué du nez lundi soir, perdant 4 dollars en l'espace d'une minute à peine. Les autorités compétentes sont immédiatement saisies pour enquêter et un coupable est désigné : le trading haute fréquence, géré par des ordinateurs. Voilà qui démontre une fois de plus les dérives provoquées par des mauvais génies algorythmiques.
Mais hier les marchés pétroliers sont restés en baisse. Or s'il s'agissait d'une erreur technique, le marché l'aurait déjà corrigée. Autre hypothèse avancée : le recours aux réserves stratégiques américaines a créé un mouvement de panique. Ce recours est un classique en période électorale, Obama ferait un petit cadeau à la pompe à ses électeurs potentiels en mettant des quantités importantes de brut sur le marché. Or cette mesure ne s'est toujours pas matérialisée. Et le pétrole de continuer à glisser sur les marchés. Un fond serait à la manoeuvre, croit savoir un courtier basé en Asie. D'autres soupèsent l'impact de la brouille entre Pékin et Tokyo susceptible d'aggraver le ralentissement de l'économie. Recours aux réserves stratégiques, ralentissement de l'économie : voilà des réalités qui font surtout tiquer les pays producteurs de brut. Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs ont dû se dire les pays en question qui ont alimenté hier une autre hypothèse à cet étrange décrochage : l'Arabie Saoudite, le capitaine de l'Opep, s'emploie actuellement à faire retomber la pression, a laissé entendre une source proche des pays du Golfe en marge d'une conférence pétrolière organisée à Dubaï.
Si les pays de l'Opep cherchent à faire baisser les cours, c'est surtout parce qu'ils redoutent un atterrissage brutal qui écornerait d'autant leurs recettes. Pour offrir une perspective durable à ces pays si dépendants des pétrodollars, Ryad cherche, explique-t-on, à ramener le cours du brut dans la fourchette des 100 dollars le baril. Hier à Londres, le brent continuait à s'effriter, passant au-dessous des 114 dollars le baril.