Obnubilés par les problèmes de dette européenne, qui plombent l'économie mondiale et donc la demande de brut, les marchés pétroliers en avaient presque oublié le facteur iranien.
Tout le printemps, ce fut la chute des prix du pétrole. De 128 dollars début mars, le prix du baril de Brent s'était replié sous les 90 dollars le 22 juin dernier, son niveau le plus bas depuis un an et demi. Même la perspective de l'entrée en vigueur, dimanche dernier, de l'embargo européen contre les exportations de brut iranien semblait ne plus peser, tant cet événement avait été anticipé.
Mais depuis dimanche, Téhéran s'est à nouveau invité sur les marchés, qui n'attendaient peut-être qu'un prétexte pour rebondir, après une trop longue chute. Après l'annonce de tests réussis de missiles capables de frapper Israël, l'Iran a renouvelé ses menaces sur le détroit d'Ormuz, la voie qu'empruntent encore 20% du brut échangé sur la planète. Signe que cette menace est prise au sérieux (surtout parce qu'elle ferait s'envoler les primes d'assurance des tankers), les pays producteurs voisins ont pris des dispositions. L'Arabie Saoudite a réactivé un vieil oléoduc en direction de la côte opposée à celle du golfe Persique - il rejoint les rives de la mer Rouge. Quant aux Emirats arabes unis, ils ont construit un nouvel oléoduc qui débouche à Foujeirah, en mer d'Oman, au-delà du détroit d'Ormuz.
Cette reprise des cours est également soutenue par une grève qui se prolonge sur les plateformes pétrolières en Norvège, le 8e producteur mondial, elle est aussi dopée par l'espoir qu'ont les marchés de voir les banques centrales, en Europe ou en Chine, baisser les taux d'intérêt pour relancer l'économie. Mais ce regain des prix du pétrole pourrait n'être qu'une correction sans lendemain, tant l'environnement économique mondial est morose. Deutsche Bank a révisé à la baisse le prix moyen du brut cette année, à 107 dollars le baril.