C'est le statu quo et pourtant beaucoup de voix s'étaient élevées au sein de l'Opep pour que le cartel réagisse à la forte chute des prix du pétrole. Le baril valait encore 128 dollars à Londres en mars dernier, lorsque les tensions géopolitiques autour de l'Iran étaient à leur maximum. Il se retrouve aujourd'hui sous le seuil des 100 dollars, son plus bas niveau depuis un an et demi. Alors, le syndrome de 2008 resurgit – le pétrole s'était retrouvé à moins de 35 dollars en décembre après avoir tutoyé les 150 dollars en juillet. L'Opep avait alors eu le plus grand mal à enrayer le déclin, en resserrant à plusieurs reprises sa production. Or aujourd'hui les pays membres inquiets dès que le pétrole perd un peu de sa valeur, sont encore plus nombreux qu'il y a quatre ans. Pour la simple raison que leurs propres contraintes budgétaires sont de plus en plus fortes.
Aux faucons traditionnels : l'Iran et le Venezuela, se sont progressivement ajoutés l'Algérie, et cette année, le Koweït et les Emirats arabes unis se sont à leur tour répandu en plaintes sur la surabondance de l'offre sur le marché pétrolier ! Ce sont pourtant les alliés de toujours de l'Arabie Saoudite. Or pour Ryad, premier contributeur de l'Opep, il n'est pas question de baisser la production en ce moment, au risque de fragiliser davantage l'économie mondiale par une inflation pétrolière. Notamment avant de connaître le sort électoral de la Grèce, crucial pour l'avenir de la zone euro ; et dans l'incertitude qui demeure autour de l'Iran, à quelques jours de l'entrée en vigueur de l'embargo européen.
La solution du statu quo était donc la seule possible. L'Opep conserve donc son plafond officiel de production de 30 millions de barils jour. Comme ce chiffre avait été largement dépassé (de presque 2 millions de barils) depuis le début de l'année quand l'Arabie Saoudite, l'Irak et la Libye avaient très fortement augmenté leur offre pour compenser celle de l'Iran, les faucons peuvent d'un côté se targuer d'avoir obtenu un strict respect du plafond officiel. Et l'Arabie Saoudite aura la latitude de refermer en toute discrétion les vannes, si le baril descend sous les 90 dollars.