Pour l'instant c'est surtout le groupe minier Anglo Americain qui agite l'idée. Le géant du platine arbore à l'entrée de son complexe de Bushveld, en Afrique du Sud, un prototype de locomotive dotée d'une pile à combustible. L'entreprise entend prouver que ce mode de propulsion est viable, elle projette d'expédier dans les mines plusieurs de ces véhicules, relate le Financial Times. Pour l'instant, la pile à combustible n'est qu'une piste lointaine pour remplacer les carburants des moteurs à explosion classiques, mais, étant donné qu'elle nécessite un bon apport en platine, en plus de l'hydrogène, elle pourrait être décisive pour redonner tout son lustre au cours du métal précieux, très déprimé en ce moment.
L'Afrique du Sud détient plus de 80% des réserves mondiales de platine, elle pourrait donc se placer très vite sur le créneau, en se préparant à fabriquer sur place la fameuse pile. Le gouvernement de Pretoria a déjà subventionné avec succès une filière industrielle de transformation du platine, rappelle Didier Julienne, spécialiste des platinoïdes. Il s'agit des catalyseurs automobiles, notamment pour les véhicules diesel moins polluants qui se généralisent en Europe et aux États-Unis : l'Afrique du Sud fabrique désormais un catalyseur sur sept produits dans le monde. Une manière de conserver sur le sol sud-africain une partie de la plus-value créée à partir de ses propres ressources naturelles. Avec un gros bémol émis par l'industrie : le déficit de formation adéquate des salariés sud-africains, qui handicape la filière, déjà frappée par le ralentissement de la construction automobile mondiale. Une autre menace estime cette fois l'industrie minière : le projet encore dans les tiroirs de taxer davantage les revenus de l'extraction du sous-sol en Afrique du Sud. Ce serait, estiment les groupes miniers, contradictoire avec le projet d'encourager le développement d'une nouvelle filière, à partir du platine sud-africain.