La grève des agriculteurs argentins aura peu d'impact sur le commerce mondial

C'est un nouvel impôt foncier, instauré par le gouverneur de la province de Buenos Aires, qui a décidé les agriculteurs à réagir.

Cette nouvelle taxe, prélevée sur des terres qui viennent bien sûr d'être réévaluées à la hausse par les autorités, a été la mesure de trop pour les producteurs argentins, déjà confrontés à une forte augmentation de leurs coûts : avec une inflation à double chiffre en Argentine, et une facture d'engrais et de carburant à la hausse depuis que le gouvernement de Cristina Kirchner a multiplié les obstacles aux importations pour enrayer la chute du solde commercial du pays. Plus globalement, les agriculteurs argentins ont le sentiment d'être les vaches à lait des finances publiques avec, depuis quelques années déjà, des taxes sur les exportations agricoles, notamment des graines de soja, qui peuvent aller jusqu'à 35%. Or le contexte est très morose pour les agriculteurs argentins : la récolte, on le sait, est désastreuse cette année, après la sécheresse qui a sévi en décembre et janvier dernier : 20% de la récolte de soja est perdue, un tiers de celle de maïs.

Pendant une semaine les producteurs vont donc stopper leurs livraisons de grains et de bétail. La noria des camions qui desservent les usines de trituration et les grands terminaux portuaires à Rosario ou Santa Fe s'est arrêtée. Mais cette grève intervient un peu tard : la récolte de soja est quasiment terminée, la transformation en huile ou en farine de soja a donc déjà eu lieu, les stocks sur les ports sont bien remplis. Quant au maïs, 60% de la récolte est effectuée. L'impact sur le commerce international sera donc limité, estime un exportateur, même si l'Argentine est le deuxième fournisseur mondial de maïs, le premier d'huile et de farine de soja. A moins bien sûr que la grève se poursuive plus d'une semaine. Mais personne n'y croit : dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale - et argentine -, les agriculteurs sont beaucoup plus faibles qu'en 2008, où leur mouvement, qui avait créé une véritable pénurie de bœuf dans les villes argentines, avait fait reculer le gouvernement Kirchner.

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