Souvent, l'Inde varie au sujet de ses exportations. Tout dépend qui du gouvernement l'emporte : le ministre de l'Agriculture, ou les ministres de l'Alimentation et de l'Industrie.
Dimanche, c'est le ministre de l'Agriculture qui l'a emporté. Or, il défend le revenu des producteurs. En libérant totalement les exportations de coton, et en autorisant un peu plus d'exportations de sucre, il évite un surplus à l'intérieur des frontières et donc un effondrement des prix payés aux paysans indiens.
Le 5 mars dernier, lorsque l'embargo avait été décidé, c'est le ministre de l'Industrie qui avait eu momentanément le dessus : pour préserver des quantités de coton suffisantes à un prix raisonnable à l'industrie textile indienne, il fallait alors arrêter d'exporter.
La Chine en besoin de stocks
Maintenant que l'Inde est rassurée sur sa production de coton, meilleure que prévu et supérieure aux besoins nationaux, elle rouvre les vannes. Pendant les deux mois d'éclipse de l'Inde sur le marché du coton, il y a d'abord eu la panique du négoce qui ne pouvait même plus accéder au coton indien déjà engagé. Une semaine plus tard, New Delhi a desserré l'étau en accordant des droits restreints à l'exports pour quelques cargaisons.
Mais le premier consommateur de fibre au monde, la Chine, a tout de même dû se reporter massivement sur le coton américain, ce qui a bien soutenu les cours de la fibre à New York, dans un contexte, pourtant, de surplus de la production mondiale par rapport à la demande, cette année. C'est que la Chine doit reconstituer ses stocks, après les avoir presque vidés l'an dernier pour éviter de payer le coton au prix fort, lorsque la fibre coûtait le prix fou de 2 dollars la livre.
Aujourd'hui même si l'Inde revient sur le marché pour 255 000 tonnes supplémentaires, les prix, revenus à des niveaux plus raisonnables depuis l'irruption de la crise financière européenne, ne vont pas pour autant s'effondrer davantage : c'est de 9 millions de tonnes de coton que la Chine aura besoin pour la saison prochaine, or la production de fibre de la première industrie textile mondiale risque d'être inférieure de 17 % à celle de cette année. La faute aux coûts croissants en Chine, du travail agricole, des fertilisants et des semences, dans une culture du coton qui en est très friande.