La Côte d’Ivoire défend sa réforme de la filière cacao à Paris

Le salon de l'agriculture à Paris est l'occasion pour le gouvernement ivoirien de vanter les mérites de la réforme de sa filière cacao. Une réforme qui ne répond pas à toutes les questions...

Quand on entend le ministre de l'Agriculture ivoirien évoquer à Paris la réforme de la filière cacao de son pays, il faut parfois se pincer pour s'assurer qu'on ne rêve pas. Surgit en effet un vocabulaire oublié depuis longtemps, depuis le temps où la Caistab règnait sur ce secteur clé de l'économie ivoirienne. Ces mots qui réapparaissent, ce sont les mots messagerie, ventes à terme, barêmes, pour ne citer que ceux là mais qui sont emblématiques d'un temps d'un temps où la Côte d'Ivoire assise sur ses montagnes de cacao coulait des jours heureux. Lassée de la crise politique permanente et des affrontements meurtriers, la Côte d'Ivoire veut renouer avec les mécanismes économiques qui permettaient à tous de profiter de la rente cacaoyère.

Les paysans sont les premiers concernés auxquels le gouvernement veut réserver 60% du prix du cacao à l'exportation. Pour garantir ce prix, un système de vente anticipée est mis en place sous la responsabilité d'un ancien ministre de l'agriculture dans le gouvernement Ouattara du début des années 90. Avec ce spécialiste à la tête du conseil café cacao, la nouvelle version de la Caistab, le gouvernement ivoirien pense en avoir terminé avec son devoir de rénovation de la filière.

Une rénovation que les bailleurs de fonds internationaux considèrent comme une étape cruciale pour atteindre le Point d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés qui exige des efforts de bonne gouvernance. A Abdijan, on estime donc que les bailleurs de fond n'auront pas le choix et qu'ils devront déclarer ce point d'achèvement atteint dès le mois prochain.

Pourtant, ce n'est pas acquis et le sentiment du devoir accompli dans lequel baigne le gouvernement ivoirien est peut-être un peu prématuré. Il ne suffit en effet pas d'avoir voté des lois et mis en place une administration pour que tout fonctionne, pour que le gouvernement s'estimé dédouané de toute responsabilité dans le fonctionnement de la principale filière économique du pays. Encore faut-il que tout le monde y trouve son compte, industriels, exportateurs, coopérateurs, intermédiaires et paysans sans oublier l'Etat qui prélève les taxes. Or pour l'instant, certains exportateurs font la fine bouche, pas très rassurés par les garanties qui leur sont données. Payer le cacao d'abord, se le faire livrer quelques mois plus tard, il faut avoir les épaules et les nerfs solides pour l'assumer. Ce n'est pas le cas de tout le monde.

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