En novembre dernier, le processus de Kimberley autorisait à nouveau la commercialisation des diamants de Marange, les très riches mines de diamant du Zimbabwe, jusqu'alors sous embargo pour les graves violations des droits de l'homme qu'y avaient commis les forces armées zimbabwéennes. Cette décision très controversée avait entraîné le retrait de l'ONG fondatrice du Processus de Kimberley, Human Rights Watch. Elle n'avait pas non plus convaincu les Etats-Unis, ni la maison de courtage Rapaport, qui avait demandé à ses adhérents diamantaires de ne pas commercialiser les diamants zimbabwéens.
Pourtant, le retour du Zimbabwe a en quelques semaines déjà bouleversé le marché du diamant. C'est-à-dire le marché indien, puisque c'est en Inde qu'aujourd'hui 80% des pierres sont taillées. Les diamants zimbabwéens arrivent en avalanche sur les marchés de Bombay et de Surat, observent les négociants indiens. 30% des pierres taillées dans les ateliers de Surat seraient désormais zimbabwéennes...
Vendus moitié moins cher que les diamants bruts concurrents de même qualité, les diamants de Marange ont en quelques semaines fait chuter la moyenne des prix de 25%. Au rythme d'1 million de carats par mois, selon Rapaport Group, les importations des diamants zimbabwéens en Inde devraient se monter à 11 millions de carats cette année, soit 10% de la production mondiale de diamant l'an dernier.
Nul doute que cette nouvelle concurrence va tailler des croupières aux géants du diamant, du numéro un De Beers, au Russe Alrosa, en passant par Rio Tinto, qui ont vendu 80% de leur production à l'Inde l'an dernier. Selon Rapaport, la baisse des prix devrait être limitée aux diamants de basse et moyenne qualité, mais dans le contexte de ventes mondiales de diamant très timide en ce début d'année, puisque même les riches clients chinois ont reporté leurs achats, c'est autant de production qui échappe aux efforts de stabilisation des prix des grands groupes du diamant.