Glencore et Xstrata, une fusion de la mine au négoce

Le groupe minier suisse Xstrata pourrait profiter de la publication de ses résultats le mardi 7 février pour annoncer qu'un accord est conclu avec le numéro un du négoce, le Suisse Glencore, pour fusionner et constituer un géant d'un nouveau genre dans le secteur des matières premières.

Le géant du négoce Glencore aurait amélioré son offre en proposant 2,8 titres Glencore pour un d'Xstrata aux actionnaires du groupe minier. Glencore aurait aussi cédé la direction du futur ensemble au dirigeant de Xstrata. De quoi amadouer son partenaire du canton suisse de Zoug. Un partenaire, Xstrata, qui est depuis onze ans un peu l'enfant terrible de Glencore. Un enfant devenu très puissant et qui retournerait enfin dans le giron. C'est Glencore qui a fait grandir Xstrata en lui cédant ses activités dans le charbon, et en devenant son premier actionnaire lorsqu'Xstrata fut introduit en Bourse.

Les deux dirigeants, Ivan Glasenberg de Glencore et Mick Davis de Xstrata, ont fait leurs études dans la même université sud-africaine. Mais les relations s'étaient tendues à mesure que Xstrata grandissait, pris d'une frénésie d'acquisitions, du Canada à l'Australie, et à l'Afrique du Sud. Pour faire revenir l'enfant prodigue, Glencore a mis le temps. Le géant suisse du négoce, qui avait prospéré dans l'ombre depuis les années 1970, a même accepté en mai dernier d'entrer en Bourse en gage de sa transparence.

Si la fusion se réalise, « Glenstrata », comme on pourrait l'appeler, sera le seul groupe à ce point intégré verticalement, de la mine au négoce et au transport. La résurgence d'un modèle disparu depuis l'après-guerre, celui des Metallgesellshaft allemands, ou des zaibatsu japonais. Les capacités de production de Xstrata feront de l'ensemble le numéro un mondial du charbon à vapeur, du zinc, du plomb et du ferrochrome. D'ici 2015, la majorité du cuivre échangé sur la planète pourrait aussi être sous le contrôle du groupe s'il poursuit ses acquisitions, ce qui est plus rentable aujourd'hui que de développer des gisements ex-nihilo, étant donné le faible coût des entreprises minières, au regard du prix des matières premières.

Cette position dominante risque de ne pas être du goût ni des pays producteurs, particulièrement en Afrique, ni des pays importateurs, Chine, Japon, Corée, Etats-Unis. En l'absence d'offre concurrente, ils seront condamnés à accepter les conditions de paiement qu'on leur dictera. Les autorités de régulation devraient faire un peu la grimace sans pouvoir s'opposer à la constitution de ce mastodonte que l'Union européenne reconnaît déjà de fait.

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