Les Etats-Unis ont annoncé il y a deux jours qu'ils allaient faire marcher la planche à billets verts un an de plus que prévu pour faciliter le financement de l'économie américaine. Cette perspective a fait chuter la valeur du dollar, monnaie dans laquelle sont libellées les matières premières, ce qui a soudain rendu attractif leur achat pour les investisseurs qui disposent d'autres monnaies. C'est pourquoi le baril de pétrole a franchi à New York les 100 dollars, 110 dollars à Londres ; les cours du cuivre, mais aussi du blé, ont progressé de 2%. Les cours du maïs, du soja, du cacao et du sucre se sont redressés. Quant à l'or, il a dépassé les 1 700 dollars l'once.
Pour autant, à moyen et long terme, les matières premières ne devraient pas retrouver en 2012 la flambée de 2011. Crise mondiale oblige. Hors pétrole et métaux précieux, le prix des matières premières devrait même baisser en moyenne de 10% selon le Cercle Cyclope, de 14% selon le Fonds monétaire international. Le FMI avait eu raison lorsqu'il avait prédit que la crise de 2008-2009 n'interromprait que temporairement l'ascension des prix des minerais et des denrées de bases, il est donc très écouté dorénavant. Même s'il est plus pessimiste que les négociants et les banques sur les prix des métaux.
Au jeu des prévisions 2012, les perdants devraient être le cuivre, l'aluminium, l'argent, le sucre, le soja et surtout le coton - le prix de la fibre pourrait chuter d'un tiers d'après les prévisions de Cyclope. Toutes ces productions atteignent un meilleur niveau. Or la demande devrait stagner ; les gagnants en 2012 devraient être l'or et le pétrole, dopés, l'un par les risques économiques, l'autre par les risques géopolitiques, mais aussi... le palladium : utilisé dans les véhicules à essence, ce métal sera soutenu par la construction automobile asiatique alors que la production russe ne sera plus au rendez-vous.