La renaissance du café africain

La production africaine de café stagnait depuis plusieurs années. Elle pourrait augmenter d'un tiers dans les cinq ans à venir, en particulier grâce à de nouvelles semences de caféier.

L'Afrique fournissait 30% de la production mondiale de café dans les années 80 ; elle ne pèse plus que 12% aujourd'hui. Entre temps, il y a eu l'effondrement des cours des années 80 et 90, accéléré par l'émergence d'un acteur asiatique devenu en très peu de temps le premier producteur mondial de robusta : le Vietnam. Les planteurs africains, découragés par la baisse de leurs revenus, désorganisés par les guerres civiles, de l'est à l'ouest du continent, s'étaient tournés vers des cultures vivrières - notamment le maïs en Afrique orientale.

Mais depuis dix ans, les cours sont sortis de l'ornière, à mesure que la planète entière se met à boire du café. Alors l'Afrique s'est remise à y croire. Cette renaissance du café a commencé en Ouganda et elle prend de l'ampleur. Avec 3 millions et demi de sacs (de 60 kg) cette année (2010-2011), contre 2,7 millions l'an passé (2009-2010), ce pays d'Afrique orientale est devenu le deuxième producteur de café en Afrique, derrière l'Ethiopie. Produisant de l'arabica et du robusta, il a même doublé la Côte d'Ivoire qui, elle, ne produit plus que 2 millions et demi de tonnes de robusta, deux fois moins qu'il y a vingt ans. Cette progression de l'Ouganda, qui a bien sûr généré des revenus croissants lors des deux dernières flambées des cours du café, au printemps 2008 et au printemps de cette année, intéresse aujourd'hui les pays voisins.

A son tour, le Kenya veut renverser la tendance au déclin de la culture du café, souvent grignotée par les projets touristiques ou immobiliers. Un des leviers de ce renouveau pourrait être la généralisation de nouvelles semences, croît un économiste en chef de l'Organisation internationale du café (ICCO) : les semences « Batian », qui protègent les caféiers de la flétrissure, une maladie fatale aux rendements.

Trois ans après avoir été semé, un caféier donne des fruits, les cerises de café. Et c’est un fait, la production africaine, qui n'avait pas bougé depuis cinq ans, redécolle : elle est passée de 16 à 18 millions de sacs en un an. L'Organisation interafricaine du café pense qu'elle pourrait encore progresser d'un tiers dans les cinq ans à venir, pour atteindre 20 à 25 millions de tonnes.

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