Ce n'est pas un hasard, le secteur minier est crucial pour l'économie péruvienne, c'est plus de la moitié de la valeur des exportations. Au cours de la décennie qui vient de s'écouler, le Pérou est devenu le premier producteur d'argent, doublant le Mexique mais aussi le 2e producteur de cuivre. La production de cuivre péruvien pourrait bientôt talonner celle du Chili car 70% des 40 milliards de dollars d'investissements miniers prévus dans les dix ans à venir iront au développement des gisements de métal rouge.
Les projets se sont multipliés au Pérou au cours de la dernière décennie grâce à l'envolée des prix des métaux et à la faveur d'un cadre réglementaire et fiscal très favorable aux investissements privés depuis l'époque d'Alberto Fujimori, le père de la candidate malheureuse lors de ce scrutin. Son rival de gauche et vainqueur Ollanta Humala a exclu toute nationalisation. Les groupes miniers craignent pourtant une renégociation de leurs contrats. Il est certain qu'Humala a la ferme intention de relever la taxe sur leurs profits de 30% à 45 %.
Au total, l'Etat péruvien ne récupère pour l'instant que 15 % de la richesse du pays en taxes, un taux très bas à l'échelle mondiale, et cet argent retourne aux quelques régions minières, qui ne savent pas toujours le gérer. Même si la pauvreté a fortement reculé en dix ans, au Pérou, il reste beaucoup d'exclus du boom économique. C'est souvent ce qui retarde d'ailleurs les nouveaux projets miniers.
Dans le sud du pays, les Indiens Aymara s'opposent à l'ouverture d'une mine d'argent, ils ont bloqué les routes plusieurs jours durant. Quant à la mine de cuivre de Las Bambas, le projet du siècle qui doit permettre d'augmenter la production nationale d'un tiers, les riverains ont manifesté tout le mois dernier pour demander plus d'emplois au groupe Xstrata. Enfin les mineurs péruviens deviennent une force dans le pays, ils réclament une loi qui leur attribuerait une part plus grande des profits de leurs employeurs et la constitution d'un fond de retraite. Ollanta Humala a jusqu'au 28 juillet pour affiner son programme.