Stoppée en France, l'exploration du gaz de schiste intéresse bien d'autres pays

La proposition de loi contre l'exploration des gaz de schiste en France, examinée ce mardi, n'empêche pas les forages ou les recherches de s'accélérer ailleurs, en Europe et dans d'autres parties du monde.

Pour un potentiel à peu près comparable de gaz de schiste, la France avait accordé trois permis d'exploration, dont un au Français Total, quand la Pologne en a déjà attribué 90 ! Le gouvernement de Varsovie a accueilli les majors américaines les bras ouverts. Chevron devrait forer son premier puits d'ici la fin de l'année. L'enjeu est de taille pour l'avenir énergétique de la Pologne. Elle produit énormément de charbon mais c'est mauvais pour son bilan d'émissions de gaz à effet de serre dans une Europe de plus en plus exigeante dans ce domaine. Elle dépend par ailleurs du gaz russe, qui assure près de la moitié de ses besoins. Or, Varsovie n'a qu'une hâte : se débarrasser de la dépendance russe pour son gaz. Avec des réserves évaluées à 5 236 milliards de m3, elle pourrait à l'avenir devenir le premier producteur de gaz à l'ouest de l'Europe et donner des cauchemars à Gazprom, comme ironisait en une l'édition locale de Newsweek.

Au niveau mondial, l'intérêt des Etats pour le gaz de schiste renaît avec vigueur depuis la catastrophe de Fukushima. Le nucléaire civil a du plomb dans l'aile, le niveau de sécurité qu'il sous-entend n'est peut-être pas accessible à tous les budgets nationaux. Le gaz de schiste peut donc être la solution. D'autant que les réserves sont gigantesques : elles sont aussi importantes que les réserves de gaz conventionnel. La Chine aurait les réserves les plus importantes avec 35 000 milliards de barils, devant celles des Etats-Unis qui atteignent 24 136 milliards de barils. On ignore encore si elle est passée au forage mais elle a créé un centre de recherche ad hoc. Le Mexique, l'Argentine et l'Australie seraient aussi très bien dotées en gaz de schiste. L'Afrique du Sud et l'Algérie ne seraient pas en reste, sur le continent africain. Les freins majeurs sont la consommation gigantesque d'eau que nécessite la fracturation de la roche - dans les pays secs, c'est évidemment un problème - et l'opposition commence à monter dans les populations, en France mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Suède. Dans ces trois pays pourtant les forages ont commencé.

 
Rapport de l’Agence d’information américaine sur l’énergie, avril 2011

 

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