Les Vingt-Sept se réunissent ce jeudi 11 février à Bruxelles pour définir une position commune face à la crise grecque. Et ça ne sera pas chose facile… « L’Europe en sommet pour sortir du casse-tête grec », titrent en une Les Echos.
Signe de l’ampleur de la tâche : rien n’a filtré dans les journaux sur les modalités du plan financier qui devrait être mis en œuvre. Pas la moindre information sur telle ou telle mesure, sur telle ou telle disposition. Comme le souligne La Tribune, « à l’issue d’intenses échanges entre capitales européennes, le principe d’une aide à la Grèce semble arrêté, mais pas les modalités. » Ce qui est sûr, poursuit le quotidien économique, c’est l’importance du rôle de l’Allemagne dans cette affaire : « crise de l’euro : Berlin décide ». C’est la manchette du journal qui précise que « le leader économique de l’Union monétaire a dû se résoudre à intervenir pour éviter une contagion qui risque d’ébranler l’euro. Mais elle va le faire à ses conditions, encore en discussion, ce qui pourrait entraîner une modification des traités régissant l’Union européenne. »
« L’Allemagne organise le sauvetage de la Grèce », renchérit Le Monde. D’après le quotidien, « le plan proposé sera clairement d’inspiration intergouvernementale, un sauvetage par la BCE, la Banque centrale européenne, étant interdit par les traités. (…) Certaines capitales pourraient octroyer des prêts à Athènes, croit savoir Le Monde, ou promettre de le faire ; d’autres pourraient échelonner la dette grecque. »
La faute à qui et à quoi ?
La Grèce est donc en état de quasi-faillite. Comment en est-on arrivé là ? Pour Le Figaro, les premiers responsables, ce sont les Grecs eux-mêmes. « Les 11 millions de Grecs ne sont pas pauvres. Mais la Grèce l’est, s’exclame Le Figaro. Car personne, ou presque, ne paye ses impôts. (…) L’élite grecque pratique l’évasion fiscale avec passion. (…) La Banque mondiale estime que 35% de l’économie grecque fonctionne au noir. » Bref, soupire le journal, « à force de frauder, les Grecs ont ruiné l’Etat. Aujourd’hui, ils se défient de tout : de leurs dirigeants, de l’Europe qui se porte à leur secours, de leurs voisins… Et la foule qui manifeste, affirme Le Figaro, ne semble pas prête aux efforts qu’exige le sauvetage du pays en faillite. »
Autre responsable, l’Etat grec qui a trop longtemps laissé faire et qui a caché la situation à ses partenaires européens. Comme le remarque La Croix, « il a été prouvé que les chiffres de l’économie grecque ont été falsifiés ces dernières années. »
Et puis, l’accélérateur a été la spéculation et les Etats se sont réveillés trop tard. Libération ne mâche pas ses mots : « la crise grecque, prolongement spectaculaire de la tourmente financière mondiale déclenchée par les embardées de l'argent fou, met en lumière l'irresponsabilité historique de gouvernements paralysés par les dogmes du laisser-faire. Il faut donc improviser dans le désordre une coordination qu'on pouvait parfaitement mettre en place depuis plus d'une décennie, fulmine Libération. Du coup, la spéculation s'est engouffrée dans la brèche, secouant dangereusement l'édifice monétaire péniblement construit depuis vingt ans. Il n'est qu'un remède à cette impuissance, affirme le journal : la volonté politique et la solidarité avec la Grèce meurtrie. »
« La panique doit être tuée dans l'œuf ! »
« La crise grecque pose donc deux questions, remarque Le Monde : celle de la solidarité des pays de la zone euro et celle de la régulation de la finance. (…) A peine un an après avoir sauvé les banques en y consacrant de chaque côté de l'Atlantique des sommes colossales (…), voici les Etats endettés attaqués par ces mêmes établissements financiers, constate Le Monde. Telle est l'une des leçons - amères - de la crise grecque, la plus importante qu'ait connue l'euro depuis sa création. »
Pour La Montagne, c’est « un comble pour l'Union qui doit aujourd'hui se défendre contre les grandes banques d'affaires qu'elle a sauvées en engageant les finances publiques et qui se servent de cette manne pour la retourner contre les plus endettés. »
Et pour couronner le tout, il y a un risque de contagion, relèvent de nombreux commentateurs. « Contagion aux autres pays du sud européen, précise Le Républicain Lorrain, en raison de la spéculation à laquelle leur dette est aujourd'hui soumise sur les marchés financiers (…). La panique doit être tuée dans l'œuf, s’exclame le journal. Ce qui nécessite une intervention rapide et concertée des partenaires d'Athènes au sein de la zone euro. »
Bref, ce jeudi 11 février, « à Bruxelles, cela va chauffer, affirme L’Union. D'autant que l'Espagne et le Portugal sont donc aussi dans le collimateur. Si rien n'est fait, prévient le journal, la France pourrait être assez vite mal à l'aise. Bref, l'Union européenne ne fera pas l'économie de politiques publiques de rigueur. »