L'heure n'est plus aux atermoiements. Il faut envoyer un signal fort aux marchés et c'est ce que vont faire les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne réunis en sommet jeudi 11 février à Bruxelles. Même l'Allemagne, pourtant partisane d'une ligne dure vis-à-vis de la Grèce, se résigne aujourd'hui à voler au secours de ce pays considéré comme l’un des maillons faibles de la zone euro. Il y a encore quelques jours, Berlin estimait en effet qu'Athènes, qui a trop longtemps menti sur l'état désastreux de ses finances, devait en payer le prix fort. Mais la volatilité des marchés et la forte pression qui s'exerce sur plusieurs autres pays de la zone euro, comme l'Espagne et le Portugal, ont ramené la chancelière allemande à de meilleurs sentiments.
Sans compter que les déclarations de soutien des dirigeants européens à Athènes, tout comme la mise sous tutelle la semaine dernière de la Grèce par la Commission européenne, n'ont pas suffi à calmer durablement les marchés. D’où cette volonté des dirigeants européens d’envoyer depuis Bruxelles un signal politique fort même si dans les faits, leur marge de manœuvre est plutôt limitée. Les traités de l'Union européenne sont en effet très stricts pour tout ce qui concerne les finances publiques des Etats-membres. Ils interdisent par exemple à la BCE, la Banque centrale européenne, d'intervenir et de racheter la dette publique d'un pays de la zone euro, ce que peut faire la Réserve fédérale américaine pour les bonds du trésor américain.
Mais rien n'empêche, toujours selon ces traités, qu'en raison «d'événements exceptionnels», ce qui est le cas aujourd'hui avec la Grèce, les Etats se portent une assistance mutuelle. Et c'est dans cette optique que les représentants des 27 pays membres de l’Union vont devoir travailler.
Deux pistes à l’étude
Deux pistes sont actuellement à l’étude. La première prévoit la possibilité pour certains pays d’octroyer des prêts sous conditions à la Grèce. Mais étant donné l'état des finances publiques des 27, sérieusement fragilisées par la crise mondiale, on ne voit guère qu'un pays, l'Allemagne, pour s'engager dans un tel scénario. Cette aide bilatérale de Berlin se ferait en échange d'engagements forts de la Grèce pour assainir ses finances publiques. Deuxième piste évoquée, une garantie des emprunts en faveur de la Grèce. Des pays comme l'Allemagne ou la France, bien notés par les agences internationales, pourraient se porter garants des prêts contractés par la Grèce mais aussi par d'autres pays européens confrontés à des difficultés financières. Ce mécanisme permettrait à ces Etats de lever des fonds à des taux moins élevés qu'aujourd'hui.
Ces scenarios seront évoqués dès mercredi après-midi par les ministres des Finances de la zone euro. Les argentiers des seize pays ayant adhéré à la monnaie unique sont convoqués à 14 heures Temps universel par le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, pour une téléconférence. Cette réunion, à laquelle doit également participer le patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, n'était pas prévue. Et tout semble indiquer que les négociations s'accélèrent pour parvenir à un mécanisme d'aide à la Grèce. Mécanisme qui pourrait être entériné dès jeudi par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement réunis en sommet à Bruxelles.