Fusion Alstom-Siemens: Paris et Berlin mettent en garde Bruxelles contre un veto

Le bras de fer s’intensifie autour de la fusion entre Alstom et Siemens dans le rail. Paris et Berlin mettent en garde la Commission européenne contre un veto. Suite aux réticences de Bruxelles, les deux constructeurs ferroviaires s'interrogent quant à l’aboutissement de leur fusion.

Alstom et Siemens ont pour la première fois exprimé publiquement jeudi leurs doutes de parvenir à créer un géant européen du rail. Leurs espoirs ont été refroidis par les concessions que leur demande la Commission européenne pour approuver le projet.

La Commission, qui veille au respect de la concurrence au sein de l’Union européenne, craint qu’une telle fusion domine le marché du rail et écrase les autres acteurs du secteur.

Concessions

Bruxelles a demandé aux deux entreprises de céder une partie de leur activité ferroviaire. Alstom et Siemens sont prêts à vendre 4 % du chiffre d’affaires de la nouvelle entité, ce qui est apparemment jugé insuffisant par les autorités de la concurrence européenne.

Côté signalisation, les deux fiancés ont proposé de céder des activités embarquées pour Siemens – historiquement françaises – et sur voie pour Alstom – non françaises.

Dans la grande vitesse, le TGV d'Alstom été écarté du deal car trop franco-français, mais Siemens refuse de nouvelles concessions. « D'un côté, il y a la crainte de la concurrence de Chine, de l'autre côté, il faudrait accorder à un concurrent une exclusivité de dix ans ? », fait valoir une source chez Siemens, jointe par l'AFP, ajoutant qu'en ce cas Siemens-Alstom serait « totalement exclu du développement de trains à grande vitesse en Europe pendant dix ans ».

Verdict le 18 février

Un veto de la Commission, qui doit rendre sa décision le 18 février et se refuse à tout commentaire pour le moment, irait dans le sens de l’intersyndicale d’Alstom qui a toujours combattu ce projet de rapprochement.

Mais la fusion est soutenue par Berlin et Paris. Le porte-parole du gouvernement français Benjamin Griveaux a averti que le rejet par l'exécutif européen serait une erreur économique et une faute politique. Les deux pays estiment qu'il faut créer un champion européen du rail, à l'image d'Airbus, pour rivaliser avec le géant chinois CRRC.

Partager :