C’est un Jean-Marc Janaillac livide qui entre dans la salle où l’attendaient les journalistes de la presse française et néerlandaise. Le patron d’Air France-KLM ne fait qu’une courte déclaration pour saluer les 80% de participation au référendum interne à la compagnie. Celui qu’il a lui-même provoqué et qui déclenche sa chute.
55% des salariés refusent ses propositions de sortie de crise. Sur un ton toujours très neutre, il explique ce désaveu « au-delà des attentes salariales » par les « insatisfactions, les impatiences, le malaise », qui appellent à une « transformation profonde ».
La voix de Jean-Marc Janaillac se brise un instant quand il dit espérer que son départ permettra une « prise de conscience collective », d’amorcer « un rebond ». Il revendique des succès lors de ses deux années à la tête de l’entreprise: Transavia, Joon, la croissance de l’offre Air France-KLM, le « renforcement de la présence mondiale », la réduction de la dette du groupe. Air France était « sur le chemin de la réussite ».
«Immense gachis, immense regret»
Jean-Marc Janaillac regrette que cette dynamique n’ait pas été « comprise et partagée ». Treize journées de grève et plus de deux mois de conflits ont « affaibli » la compagnie aérienne, compromettant son avenir. Le patron déchu parle d’un « immense gâchis » qui ne peut que « réjouir nos concurrents, fragiliser nos alliances, déboussoler nos équipes ».
Air France, selon son bientôt ex-PDG, n’a pas les moyens de perdre plus de temps, de « subir des divisions internes, de faire douter ses clients, ses partenaires, ses actionnaires ». Et de dénoncer un dialogue social « d’un autre temps », autrement dit le jusqu’au-boutisme des syndicats.
Avant de quitter la salle entouré de ses collaborateurs, et sans répondre aux questions des journalistes, Jean Marc Janaillac exprime « un immense regret » : celui qu’Air France n’ait pas été capable de recréer « les conditions de la confiance ». Il présentera sa démission dans quelques jours aux conseils d’administration d’Air France et Air France-KLM. Et laisse à son futur successeur une équation sociale très difficile à résoudre.
Grève maintenue
Le préavis de grève pour lundi 7 et mardi 8 mai est maintenu malgré le retrait de l'accord salarial rejeté par référendum auprès des salariés, ont indiqué plusieurs représentants syndicaux.