Le groupe Lactalis a accepté de payer 280 euros les mille litres de lait, soit 23 euros de plus que ce qu’il paye actuellement. Un prix considéré comme insuffisant par les représentants des éleveurs. Un triste constat selon le médiateur des relations commerciales Francis Amand. « Je considère que la médiation est terminée, j’ai fait mon office et on est dans une situation où l’on repart de zéro. Donc il n’y a pas de médiation possible dans ce cadre-là », regrette-t-il.
Sébastien Amand, vice-président de l'organisation de producteurs de lait de la Manche, estime qu'il y a encore un espace de discussion. « Nous avons franchement le sentiment que le groupe Lactalis n’a pas pris la mesure de la gravité de la situation. Cependant, nous avons laissé quelques espaces de discussions encore possibles dans les heures et les jours qui viennent », précise-t-il.
Le porte-parole de Lactalis, Michel Nalet, a dénoncé de son côté le rôle du principal syndicat agricole, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles). « Nous considérons qu’ils n’étaient pas venus là pour trouver le chemin de sortie de crise, mais bien pour continuer un bras de fer médiatique à l’encontre de Lactalis et dénigrer son image », affirme-t-il.
Les éleveurs décidés à poursuivre le blocage
A quelques centaines de kilomètres de Paris, la nuit tombe quand les 300 tracteurs arrivent sur ce rond-point de Changé, dans le nord-ouest de la France. Les éleveurs se garent, en rangs serrés, sur le talus ou sur la route. Au micro, Philippe Jehan, leur représentant, annonce l'échec des négociations et la poursuite du mouvement. « Pour ce qui nous concerne, on restera ici et nous avons l’obligation, je vous dis bien l’obligation, de garder cette mobilisation pour gagner », lance-t-il.
Sébastien s'attendait au statu quo. Les positions des éleveurs, d'un côté, et de Lactalis, de l'autre, sont irréconciliables. Mais il est quand même venu « pour montrer qu’on était là et qu’il fallait faire le blocage. »
Pour s'apercevoir aussi de l'ampleur de la mobilisation. « Ce qui fait vachement plaisir pour avoir fait beaucoup de manifestations avant, c’est qu’il y a beaucoup de femmes et d’enfants et le fait de voir ça c’est très important. J’espère qu’eux, Lactalis, ils voient ça, et qu’ils comprennent que c’est un monde tout ça et qu’il faut que ça vive », insiste-t-il.
Comme Sébastien, Vincent se dit prêt à revenir sur ce rond-point dans les prochains jours. Il adaptera son emploi du temps surchargé. « Il ne faut pas oublier qu’un agriculteur, ça travaille minimum 10-12 heures par jours. Même si on a du boulot tous les jours, on trouvera du temps, on dormira moins juste pour venir ici », assure-t-il.
Les organisateurs affirment pouvoir tenir jusque lundi au moins, car des dizaines d'éleveurs de l'ouest de la France se sont engagés à venir relayer ceux de la Mayenne qui passent la nuit sur le rond-point.