A une écrasante majorité, les participants venus à Aix sont des Européens convaincus, constate l’un d’entre eux. « Il n’y a que des gens contre le Brexit et les électeurs qui ont voté pour le Brexit détestent les gens qui se trouvent à Aix. Pour eux, c’est la représentation de ces élites internationalisées et de ces experts, puisqu’ils détestent les experts », résume l’économiste Jean Pisani-Ferry, chargé de conseiller le gouvernement français.
Ce fossé entre eurosceptiques et élites, il est temps de le combler, selon de nombreux patrons. Parmi eux, Rodolphe Saadé qui dirige CMA-CGM, le champion français de fret maritime : « Certes, ça nous plonge dans une période d’incertitudes. Mais de l’autre côté, si un pays aussi grand, aussi puissant que l’Angleterre décide de sortir, c’est qu’il y a un problème ».
Il faut savoir entendre l’exaspération du peuple britannique, notamment sur l’immigration, poursuit Jean Pisani-Ferry : « Lorsqu’on a un afflux de population comme ça, je crois que c’est une leçon aussi pour les experts. On ne peut pas tout simplement dire, "ah c’est bien pour la croissance, c’est bien pour l’économie en général". Il faut se préoccuper des conséquences concrètes sur les écoles, sur les hôpitaux, sur le logement, sur certains segments du marché du travail où ça fait baisser les salaires. Tant qu’on n’a pas fait en sorte que ça ne fasse pas de perdants à l’intérieur du pays, on s’expose à ce genre de réactions ».
Le Brexit repose ici la question de la responsabilité d’un Etat national. Ça tombe bien, le thème de cette 16ème édition est justement : qu’attendre d’un pays ?