France: échec des négociations sur l'assurance-chômage

Les partenaires sociaux ont pris acte jeudi 16 juin de l'échec des négociations sur l’assurance-chômage. Les deux bords s'en renvoient la responsabilité tout en s'en remettant à l'Etat. La ministre du Travail Myriam El Khomri a déclaré avant même la fin de la réunion des partenaires sociaux que l'Etat prenait acte de cet échec et allait proroger par décret l'actuelle convention chômage. L'indemnisation des chômeurs est donc garantie.

Selon la ministre du Travail, le décret devrait rassurer les quelque 2,5 millions de chômeurs qui toucheront leurs indemnisations, même après le 30 juin, date de péremption de l'actuelle convention-chômage.

Du côté des intermittents du spectacle, un accord avait été trouvé fin avril entre les professionnels du secteur pour réformer le système d'indemnisation tout en réalisant des économies estimées à 90 millions d'euros.

Là encore, l'Etat  assumera, comme il le dit, « ses responsabilités ». Malgré l'échec des négociations entre partenaires sociaux jeudi, le gouvernement assurera l'application de l'accord concernant les intermittents, par décret.

Cela ne règle pas l'avenir de l'assurance-chômage qui accumule une dette de près de 35 milliards de dollars. Au point que la Commission européenne a tiré la sonnette d'alarme et réclame des réformes de fonds. Le gouvernement a promis de réaliser 1,6 milliard d'euros d'économies d'ici à fin 2017.

Nouvelles discussions à la rentrée?

Mais encore faut-il que les partenaires sociaux s'entendent. Pour le moment, ils se renvoient la responsabilité de l'échec des négociations. Côté patronat, on pointe « le dogmatisme » des syndicats qui insistent pour surtaxer les CDD afin de remettre à flots l'assurance-chômage.

Une idée toujours rejetée par la CGPME, le syndicat des petites et moyennes entreprises. « La posture syndicale consiste à dire "les patrons payent d'abord, on discute après". S'agissant de la porte d'accès à l'emploi, c'est quelque chose qu'on ne peut pas accepter. La position de la CGPME a été claire, nette, précise : on accepte de négocier, mais on n'accepte pas de signer un accord qui prévoit une aggravation de la taxation sur les contrats courts telle qu'elle a été mise en place il y a trois ans », témoigne Jean-Michel Pottier, vice-président national.

De son côté, la CGT estime que le patronat n'a jamais souhaité négocier et a cherché à faire payer la mobilisation de ces derniers jours. « Je crois que l'environnement a pesé. A la fois, la mobilisation contre la loi Travail, qui bien entendu a eu des conséquences collatérales du point de vue de la négociation assurance-chômage, mais y compris la mobilisation des intermittents qui a bien entendu pesé et qui a amené à un accord unanime chez les intermittents ce que n'ont pas digéré certaines parties autour de la table », Eric Aubin, négociateur de la CGT.

La ministre du Travail dit quant à elle espérer que représentants syndicaux et patronaux pourront à nouveau se réunir à la rentrée. Dans un climat peut-être plus apaisé. En attendant, c'est un échec du dialogue social inédit depuis 34 ans.

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