France: le secteur naval a le vent en poupe

L’ Harmony of the Seas, le plus grand paquebot de croisière au monde, a quitté dimanche 15 mai les chantiers de Saint-Nazaire où il est né. L’occasion de revenir sur le parcours mouvementé du secteur français des chantiers navals.

L’Harmony of the Seas, aux mensurations de rêves pour les amateurs de croisières, a quitté le port de Saint-Nazaire dimanche sous les yeux de quelque 70 000 curieux agitant des mouchoirs blancs : 362 mètres de long, 66 mètres de large, la hauteur d’un immeuble de 25 étages, un tonnage de 220 000. La construction de ce mastodonte des mers pour un milliard d’euros est une revanche pour les Français.

Avec l'Harmony of the Seas, les Chantiers de Saint-Nazaire montrent leur savoir-faire au monde entier ; une notoriété qui leur a permis de remplir leurs carnets de commandes jusqu'en 2026 !

Un deuxième bateau de croisière, identique, est actuellement en construction par STX France pour le même propriétaire, l’armateur américano-norvégien Royal Caribbean Cruise Line (RCCL).

Il y a les mégas commandes du croisiériste italo-suisse MSC : 4 paquebots longs de 335 mètres dotés de quelque 2 700 cabines passagers. Ils vont rapporter 4 milliards d’euros et créer 3 500 emplois à Saint-Nazaire.

Le secteur sort la tête de l’eau

Les Chantiers navals de Saint-Nazaire ont réussi à sortir la tête de l’eau alors qu’ils coulaient en 2012. Il leur a fallu faire des sacrifices pour redresser la barre et rester numéro deux en Europe. Après un long bras de fer, la direction du groupe et les syndicats sont parvenus à un accord pour économiser 21 millions d’euros sur trois ans. En parallèle, des investissements ont été réalisés pour se doter du plus grand portique d’Europe, capable de soulever des blocs de 1 400 tonnes. Ce portique hors norme permet à STX France de fabriquer des bâtiments géants, tout en réduisant d’un tiers les délais de construction.

Une belle revanche pour les anciens chantiers de l’Atlantique qui ont donné vie à une centaine de paquebots en un demi-siècle, et pas des moindres : le Normandie, le France, le Queen Mary 2, le Norwegian Epic, etc. Le constructeur a aussi bâti des pétroliers géants comme le Batillus, le Bellamya, et le porte-avions Foch.

En 2008, STX France a été racheté au norvégien Aker Yards en 2008. Aujourd'hui, l'entreprise est détenue à 33,3% par l'Etat et à 66,6% par STX Europe, une filiale du groupe sud-coréen STX Shipbuilding. La compagnie navale était alors au bord de la faillite et 2 500 postes à l’arrêt. A tel point, que les Sud-Coréens cherchaient à la revendre.

Les Sud-Coréens se taillent la part du lion du secteur naval depuis plus de trente ans. Hyundai Heavy Industries, Daewoo Marine and Shipbuilding et Samsung Heavy Industries ont construit des navires-cargo géants, des porte-conteneurs, des pétroliers, et des plateformes de forage. Mais le vent a tourné et ils subissent aujourd’hui de lourdes pertes. En cause : la chute du cours du pétrole, le ralentissement de l’économie mondiale et la concurrence des constructeurs chinois meilleur marché.

Les paquebots de croisière ont le vent en poupe

Les paquebots de croisière, de plus en plus gigantesques, ont le vent en poupe parce que les consommateurs sont au rendez-vous. Ils apprécient de pouvoir effectuer plusieurs voyages en un seul. Tout est à portée de main. L'hôtel et la restauration se déplacent. Le personnel est au petit soin. Le navire offre un large choix de divertissements, pour les petits comme les grands, avec vue sur la mer en permanence. Huit jours à deux en cabine simple pour une croisière en Méditerranée sur l’Harmony of the Seas coûte un peu plus de 3 000 euros. Un montant qui peut être triplé voir quadruplé si on opte pour des prestations de luxe en suite ou en duplex.

Les fans de croisière viennent en majorité de l'Amérique du Nord, de l’Australie ou encore de l'Europe. Ils sont âgés d’une quarantaine d’années majoritairement. Mais actuellement la demande chinoise est en train de révolutionner le secteur. La zone Asie-Pacifique représente désormais 10% du marché mondial avec plus de 700 000 croisiéristes. Et la clientèle chinoise pourrait prendre le pas sur la clientèle américaine d’ici dix ans.

Depuis 1980, le marché mondial des croisières est en hausse de 7% en moyenne chaque année. 24 millions de passagers sont attendus cette année sur les 471 paquebots qui voguent sur les mers et les océans du globe. Pas étonnant que les armateurs aient décidé de profiter pleinement du boom de ce marché.

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