Reprise des négociations sur le controversé Traité transatlantique à New York

Les discussions reprennent cette semaine à New York sur le Traité transatlantique (TTIP ou TAFTA), dans un contexte tendu. L'accord, qui permettrait de supprimer les barrières douanières et réglementaires entre les Etats-Unis et l'Europe, ne fait pas l'unanimité. Du côté des Européens notamment, la dérèglementation des échanges inquiète. Le président français François Hollande et son Premier ministre Manuel Valls ont d'ailleurs clairement annoncé qu'ils étaient prêts à bloquer les discussions. A Hanovre, le président américain Barack Obama veut boucler cette année les négociations.

Beaucoup de points restent en suspens. D'abord parce que les pays doivent se mettre d'accord sur des normes communes, pour l'industrie, la finance ou encore l'alimentation. Les Etats-Unis par exemple ne veulent pas respecter les AOC, les appellations d'origine contrôlée, pour les vins, les fromages, etc. Mais l’Union européenne a quand même proposé une liste de produits qu'elle souhaite protéger.

« C’est principalement des vins, des alcools en général, beaucoup de fromage pour ce qui concerne la France, et sinon il y a vraiment une grande diversité de produits, allant des huiles, aux huîtres, au canard… Il y a environ 200 produits de nourriture et 21 vins et spiritueux que l’UE propose », explique Jean Fouré, économiste au Centre de recherche français dans le domaine de l'économie internationale (CEPII).

Si les Etats-Unis n'acceptent pas certaines conditions, alors la France pourrait bloquer les négociations. François Hollande l'a d'ailleurs répété : si pour les agriculteurs il y a un danger, si les entreprises européennes n'ont pas accès aux marchés publics américains, on ne l'acceptera pas. Et pour Jean Fouré il y a effectivement un déséquilibre : « Pour l’agriculture, il y a clairement des gains potentiels assez importants pour les Etats-Unis mais très peu pour l’UE et c’est assez généralisé à tous les pays ».

De son côté, la Commission européenne espère pouvoir aboutir à un accord d'ici la fin de l'année 2016.

Obama ne prévoit pas une ratification de l'accord d'ici la fin 2016

Lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande à Hanovre ce 24 avril, le président Obama a déclaré que les Etats-Unis et l'Union européenne doivent « continuer à faire avancer » les négociations sur l'accord de libre-échange entre les deux zones, malgré les critiques.

« Je ne m'attends pas à ce que nous soyons en mesure de finir la ratification d'un accord d'ici la fin de l'année, mais je prévois que nous ayons terminé les négociations de l'accord (...) et alors les gens seront en mesure de voir pourquoi cela serait positif pour nos deux pays », a souligné Barack Obama, présent pour deux jours en Allemagne, à l'occasion du salon industriel de Hanovre, dont les Etats-Unis sont le pays invité. « Les avantages pour l’Allemagne ou les Etats-Unis du libre-échange sont indiscutables, a ajouté le président américain. Cela peut renforcer nos économies et les rend plus compétitives sur la scène internationale. »


TTIP ou TAFTA, qu’est-ce que le Traité transatlantique ?

Le Traité transatlantique, appelé TTIP ou TAFTA, est un projet de libre-échange qui doit donc aboutir à un accord commercial entre l'UE et les Etats-Unis afin de créer le plus grand marché du monde. Initié en 2013, il avance très lentement et se heurte à de nombreux freins de chaque côté de l'Atlantique.

En anglais, il se nomme TAFTA ou TTIP, en français PTCI, pour Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement. Quoi qu'il en soit, il désigne le plus grand marché au monde qui devrait représenter 46% du PIB mondial.

Ce projet vise à libéraliser les échanges commerciaux entre l'Union européenne et les Etats-Unis, en simplifiant les droits de douane, en harmonisant les législations, les réglementations et les normes pour l'industrie, la finance, l'agriculture ou encore l'alimentation. Ainsi, les économies européennes et nord-américaine répondraient aux mêmes règles, l'idée étant de doper le commerce afin de relancer la croissance et l'emploi.

Dès lors, on comprend que chaque partie tente d'imposer ses critères à l'autre. Les Etats-Unis proposent une vision ultra-libérale qui n'est pas du goût des Européens. Les opposants craignent qu'au nom de l'harmonisation les Etats perdent leur souveraineté économique et juridique. Le projet regorge d'obstacles dans tous les domaines et le finaliser reste compliqué.

Négocié dans le plus grand secret par les Américains et les Européens, le traité de libre-échange transatlantique suscite une opposition de plus en plus forte. L'opacité qui l'entoure inquiète les ONG et les partis politiques.

A RE(ECOUTER): Le TTIP, le traité transatlantique en question

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