Loi Travail: le Medef menace de suspendre les négociations

Le président du Medef, le principal syndicat patronal, donne trois semaines au gouvernement pour que des avancées soient effectuées concernant le projet de loi Travail. Faute de quoi, Pierre Gattaz, le dit, son organisation pourrait demander la suspension des négociations d'assurance chômage. Des discussions dont l'objectif est de résorber le gouffre de l'Unedic. En clair, le président du Medef veut que le gouvernement revienne au texte initial.

Si ce n'est pas un ultimatum, ça y ressemble quand même. Pierre Gattaz ne digère pas la dernière mouture du projet de loi El Khomri. Le texte est aujourd'hui beaucoup trop éloigné de la première version qui convenait davantage à Pierre Gattaz mais pas aux syndicats de salariés.

Pris entre le marteau et l'enclume, l'exécutif à cherché a contenter les uns sans soulever la colère des autres. Raté, et les négociations pourraient tourner au vinaigre.

Pour le Medef, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase c'est la taxation des CDD, les contrats à durée déterminée. Selon Pierre Gattaz cette taxe va créer du chômage.

Autres mesures contestées : le compte personnel d'activité sensé sécuriser les parcours professionnels et le mandatement pour assurer des négociations entre le chef d'entreprise et ses salariés dans les petites entreprises dépourvues de représentant du personnel. Vécu comme une ingérence, la mesure ferait « hurler tous les patrons », affirme Pierre Gattaz.

Réactions chez les politiques

En menaçant de suspendre les négociations, le patron du Medef passe à la vitesse supérieure. Mais même l’opposition juge que Pierre Gattaz va trop loin avec cet ultimatum. « C’est aux parlementaires de faire leur travail », dit-on à droite. A Matignon, on se montre très sec. Commentaire lapidaire sur l’ultimatum lancé : « pathétique ».

La priorité aujourd’hui pour le gouvernement est de calmer la colère de la jeunesse et au passage recréer, en cette fin de mandat, du clivage entre la gauche et le patronat. De quoi faire sourire les ennemis socialistes du Premier ministre. « On ne comprend plus sa ligne » disent-ils. Manière sans le dire de souligner que le Premier ministre désormais accompagne le président dans sa chute dans les sondages et ne sait plus comment retrouver de l’air.

Dans l’entourage du Premier ministre on insiste : « on ne reviendra pas en arrière ». L’ultimatum de Pierre Gattaz signe, lui aussi, l’affaiblissement général du gouvernement.

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