La Commission européenne durcit le ton car le retard pris par la Grèce est considérable. Les négociations entre Athènes, le Fonds monétaire international (FMI), l'Union européenne (UE) et la Banque centrale européenne (BCE) sont au point mort depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de gauche radicale en Grèce.
Le gouvernement d'Alexis Tsipras a fixé des « lignes rouges » à ne pas franchir. Il souhaite maintenir le niveau de dépenses publiques pour ne pas aggraver la situation des Grecs après six ans de crise. Une partie de la population n'a plus accès aux services de santé, ni à l'électricité. Et le taux de chômage dépasse les 26 %.
L’Etat grec à court de liquidités
La situation financière de l'Etat grec est tout aussi désastreuse. Le gouvernement manque de liquidités pour payer les dépenses courantes de l'Etat, les salaires des fonctionnaires et les retraites notamment.
Et les échéances de remboursement de la dette arrivent. La Grèce doit ainsi verser début mai environ 900 millions d’euros au FMI. A cela s’ajoute le remboursement des titres à court terme qui se montent, eux, à 2,8 milliards d’euros, une somme qui est à payer au cours du mois de mai. Au total, la Grèce a près de 3,8 milliards d’euros de crédits à rembourser.
Pour Jésus Castillo, économiste chez Natixis, ce seront des obligations très difficiles à remplir. « La Grèce n’a pas reçu de nouveau financement depuis le mois d’août de l’année dernière et depuis lors, Athènes n’a toujours pas accès aux marchés financiers, à part pour des titres à très court terme qu’elle renouvelle. Donc, la Grèce est totalement dépendante aujourd’hui de l’argent que les institutions européennes pourront continuer à lui prêter. »
Deux programmes d’aide depuis 2010
Depuis 2010, les partenaires de la Grèce lui ont accordé deux programmes d'aide, d’un montant total de 240 milliards d'euros, conditionnés à la mise en place de réformes structurelles. Selon Bruxelles, les progrès accomplis depuis quatre ans sont peu satisfaisants.
Si aujourd'hui les choses piétinent, c'est que le processus pour accorder l'aide à la Grèce est complexe. « Le gouvernement grec élabore une liste de mesures qu’il est prêt à mettre en œuvre. Il soumet ensuite cette liste à des experts internationaux qui évaluent les réformes et leurs effets sur l’économie. Une fois qu’il y a eu cette validation technique, intervient un accord politique qui se fait entre les différents ministères des Finances des pays de la zone euro », explique Thibault Mercier, spécialiste des pays périphériques de la zone euro et de la Grèce, économiste chez BNP Paribas.
C’est cet accord politique qui ouvre la voie au versement des tranches d’aides. Problème : « jusqu’à présent le gouvernement grec proposait une dizaine de réformes. Deux ou trois ont été considérées comme validées, mais les autres n'étaient pas suffisantes, pas assez détaillées. Cela restait trop au niveau de déclarations d’intention », estime l’économiste de BNP Paribas.
Ajustement budgétaire et flexibilité du marché du travail
Le temps passe et Bruxelles s’impatiente. Elle insiste sur deux points : l'ajustement budgétaire de la Grèce et la flexibilité du marché du travail.
Pour ce faire, il faut d’abord trouver des mesures pour améliorer les finances publiques à court terme. Première piste : augmenter un certain nombre d’impôts pour dégager des recettes supplémentaires. Une autre possibilité est de réduire les dépenses, par exemple celles de la fonction publique.
Il faut ensuite s’atteler à un deuxième point, celui de la manière dont fonctionne l’économie à long terme. « Cela concerne principalement les réformes du système de retraites pour qu’il fonctionne mieux à long terme. Et puis il y a des réformes qui portent sur le fonctionnement du marché du travail pour faire en sorte qu’il soit plus flexible et qu’il permette de donner durablement de la compétitivité aux entreprises grecques. Car pour que la Grèce puisse s’en sortir financièrement avec sa dette, l’objectif est de retrouver la croissance économique. Et retrouver la croissance, cela peut passer par des réformes qui permettent d’améliorer la compétitivité des entreprises », conclut Thibault Mercier, économiste de BNP Paribas.
Difficile terrain d’entente
Si ces réformes sont si difficiles à mettre en œuvre c’est parce que le gouvernement Tsipras a été élu précisément en promettant aux électeurs qu'il n'y aura plus de mesures d'austérité.
Trouver un terrain d'entente entre les mesures que souhaitent les créanciers et ce que le gouvernement grec veut mettre en place, compte tenu de ses contraintes politiques, c'est tout l'enjeu de la semaine qui commence.