Travail et salaires: la pierre du Medef dans le jardin de Manuel Valls

Le Medef, la principale organisation patronale de France, s’apprête à lancer son plan pour créer plus d'un million d'emplois en France d'ici cinq ans. Avec des propositions choc, comme notamment supprimer des jours fériés ou abaisser le niveau du SMIC, le salaire minimum.

 

Dans un document d’une cinquantaine de pages dont l’essentiel est publié, ce lundi 15 septembre 2014 par le quotidien économique Les Echos, Pierre Gattaz, le patron du Medef préconise de briser les tabous et de lever les freins à l'emploi. Le plan du Medef qui vise à créer pas moins d’un million d’emplois en France, passe en revue des mesures sociales ou fiscales. Et chacune de ces mesures est quantifiée en termes d’emplois attendues.

Premières propositions choc : la supression des jours fériés. Pour créer 1% de croissance et 100 000 emplois, le Medef propose de supprimer deux jours fériés sur 11. Le Medef espère, également, de 50 000 à 100 000 emplois sur cinq ans en dérogeant au SMIC, le salaire minimum pour certaines catégories de demandeurs d'emploi.

Transformer le CICE

Ce document comporte d’autres recommandations comme celle de remonter les seuils sociaux. Le Medef estime entre 50 000 à 100 000 emplois le nombre d’emplois qui pourraient être créés sous trois ans. Le Medef propose aussi de revoir la durée du temps de travail, d'ouvrir les magasins le soir et le dimanche, qui permettrait par ailleurs d'engendrer à terme entre 50 000 et 200 000 emplois nouveaux dans le tourisme, et entre 40 000 et 100 000 dans le commerce et la distribution.

D’autres idées : créer un contrat de projet  qui propose un contrat à durée indéterminée qui prendrait fin une fois le projet réalisé. Une proposition ancienne du Medef qui revient à généraliser le contrat de chantier tel qu’il existe dans le bâtiment à tous les secteurs d’activité. Sur le plan fiscal, le Medef propose encore de transformer le CICE, le contrat impôt compétitivité emplois, en baisse de charges à compter de 2017.

« Des mesures inacceptables », selon Force Ouvrière

Ces propositions « apparaîtront certainement agressives ou caricaturales à certains », reconnaît le Medef en conclusion de son document. Mais selon un porte-parole du patronat, il s'agit uniquement « d'éléments de travail ». Des pistes de travail qui tombent alors que le Premier ministre Manuel Valls doit prononcer, mardi 16 septembre 2014, son discours de politique générale, et affronter le vote de confiance des députés. Raison pour laquelle, le Medef qui devait présenter son plan mercredi prochain, a annoncé, ce lundi, reporter d'une semaine, au 24 septembre, les propositions de son projet.

En France, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a qualifié de « provocation » ce plan du Medef. Pour le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly, ces propositions du Medef sont «inacceptables ». «Je pense l’on est dans l’outrance », a déclaré Jean-Claude Mailly. Avant d’ajouter « Si l’on pousse le raisonnement du Medef, il va proposer de faire travailler les enfants. C’est pas sérieux. Un millier d’emplois, cela n’a aucun sens sur le plan arithmétique. Si j’osais une formule, je dirais que Pierre Gataz a fumé la moquette ». 

 

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