A la Une: Medef, coup de Jarnac

C’est le quotidien économique Les Echos qui le révèle. Et c’est à se demander si ça n’est pas davantage un coup de poignard qu’un coup de tonnerre pour Manuel Valls ! Lui qui était allé à la rencontre des patrons au lendemain de la récente dissolution de son premier gouvernement, doit en effet, pas plus tard que demain, prononcer son discours de politique générale à l’Assemblée nationale et demander aux députés de lui voter leur confiance. 

Explosif, le plan du patronat l’est à plus d’un titre, en cette veille de veille de scrutin parlementaire où la presse se demande comment vont voter les députés frondeurs de la majorité, dont certains se sont, ce week-end, « affichés ensemble » à la Fête de l’Humanité, le quotidien communiste, pour une « photo de famille contre Valls », formule Libération.

Medef : chiffon rouge
 
Le journal Les Echos s’est procuré le texte d’une cinquantaine de pages dans lequel sont énumérées les propositions du patronat pour « créer 1 million d’emplois » et que le président du Medef Pierre Gattaz est sensé présenter mercredi à la presse, soit au lendemain du vote de confiance – ou de défiance, c’est selon –à l’Assemblée nationale.

On le voit, Gattaz a prévu de parler un jour après le Premier ministre. Mais Les Echos dévoile le « scoop » un jour avant..

C’est dire si cette « fuite » éditoriale revêt d’importance tant le calendrier politique de la semaine s’avère crucial, comme nous l’allons voir tout à l’heure. 

Or donc, les propositions du Medef : des bombes, rien de moins, dans le paysage socio-syndical français !

Jugez plutôt : Cela va de la suppression de « deux jours fériés par an » ; l’instauration « transitoire » d’un salaire « qui serait inférieur » au salaire minimum légal en France ; la fin de la durée légale du travail « imposée » aux entreprises, autrement dit la fin des 35 heures ; ou encore, pour faire bon poids, l’ouverture des commerces « le soir et le dimanche » ! Rien que ça !

Chiffon rouge ? Provocation face à un pouvoir qui tangue ? Comme à son habitude, malgré son pavé dans la marre, le très sage journal Les Echos se garde bien du moindre commentaire politicien, se bornant à souligner que la gauche « vraiment réformiste est minoritaire au sein de la gauche ».

Minoritaire ? Rendez-vous demain à l’Assemblée pour le vérifier.

Hollande-Valls : la pire semaine

C’est la « semaine de vérité » pour le pouvoir en France, lance Le Figaro, la semaine « de tous les dangers » pour le tandem Hollande-Valls. « Le couple exécutif n’a pas droit à l’erreur », prévient le journal. Car jeudi, le président tiendra conférence de presse, exercice « particulièrement difficile » pour un président « historiquement bas dans les sondages » et qui « accumule les mauvais résultats économiques », insiste le confrère. Pour couronner le tout, la presse ne bruisse que du retour dans l’arène politique française de l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui lui non plus « n’a pas le droit à l’erreur », complète Le Figaro. N’en jetez plus !

Alors, les députés risquent-ils, demain, de refuser leur confiance au Premier ministre ? La tête de Valls peut-elle « tomber dans la sciure », comme le formule Le Midi Libre ? C'est « peu probable, prédit le quotidien du sud de la France. Mais au rythme des catastrophes qui s'abattent sur le gouvernement, il ne faut jurer de rien surtout lorsque les frondeurs menacent de jouer les bourreaux ».

Etat islamique : veillée d’armes contre les bourreaux
 
Des bourreaux. Justement, il va en être question lors de la grand’messe contre les jihadistes qui s’ouvre ce matin à Paris. C’est peu de dire que la décapitation hautement médiatisée par ses bourreaux avant-hier, de l’otage britannique David Haines, a dramatisé le contexte de cette conférence de Paris.

D’autant que cette boucherie a été diffusée samedi soir sur Internet, soit à cinq jours d’un « moment crucial » pour le Royaume-Uni, remarque Le Figaro. Car le malheureux était anglais mais vivait en Écosse. Et le journal se demande accessoirement si ce crime aura, dans quatre jours, un « impact » sur le référendum écossais, Le Figaro soulignant ainsi qu’avec leur « ultraviolence », les terroristes « savent ce qu’ils font ». Et le confrère de prévenir que ceux qui les rejoignent pour faire le jihad « ne pourront jamais dire qu’ils ne savaient pas »

La coalition internationale est donc sur le pied de guerre contre l’Etat islamique. C’est en effet ce matin l’ouverture au ministère français des Affaires étrangères, le « Quai d’Orsay », de cette conférence internationale.

La conférence doit définir les « champs d’action de chacun en Irak, puis en Syrie », résume Libération.

Comme on vient de le voir, le supplice de David Haines a rappelé « l’urgence d’une lutte globale contre le jihadisme », souligne le quotidien. Le martyre du Britannique de 44 ans, père de deux filles âgées de 4 et 17 ans, a confirmé, « s’il en était besoin », que l’Etat islamique est une « bande d’égorgeurs », s’indigne le quotidien, qui reprend ainsi à son compte ce matin, la formule du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Face donc aux « égorgeurs », la conférence de Paris doit viser un triple objectif, énonce Libé :
- 1) « bien nommer et bien connaître son ennemi aidera à le combattre »

- 2) « clarifier les buts de guerre de la coalition et partant de la France »

- 3) mais aussi réunir la coalition « la plus large possible » afin d’éviter tout ce qui pourrait par trop évoquer une « croisade occidentale », énonce Libé.

Terrorisme : peur sur la France
 
Là, en effet, réside cet autre danger qui menace le tissu socio-politique – en France notamment – le risque de l’amalgame. Raison pour laquelle le journal Le Parisien en appelle ce matin à la communauté musulmane. « Ce serait folie de sa part que de se résigner, de ne pas rappeler encore et encore ses vraies valeurs, le vrai visage de l’islam quand il s’agit de sauver des jeunes séduits par un islam défiguré, tordu par la haine et le fanatisme », lance, comme une supplique, le quotidien.

Qui prévient : la menace d’attentat terroriste n’a « jamais été aussi lourde » en France. Le quotidien a interrogé le directeur de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste. Loïc Garnier, c’est son nom, le déclare sans ambages : « Aujourd’hui, nous ne sommes plus à nous demander s’il y aura un attentat en France, mais quand » !

Et Le Parisien, pour conclure, d’insister : « les imams (sont) désemparés (…) la peur s’est installée, et pour l’EI, c’est déjà une victoire » !

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