BNP: les Etats-Unis veulent faire tomber des têtes

La banque française BNP-Paribas est dans le collimateur de la justice américaine pour de supposées infractions à l'embargo américain contre l'Irak, l'Iran ou le Soudan. L’amende pourrait s’élever à 10 milliards d’euros. Le département américain ferait aussi pression pour obtenir des licenciements à des postes clés.

Les autorités américaines jugent que BNP-Paribas, au moins initialement, n’a pas pleinement coopéré avec elles, rapporte notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua. En tardant à donner des informations nécessaires à leur enquête, la banque aurait délibérément gagné du temps en vue de laisser expirer le délai au-delà duquel des sanctions pénales pouvaient être imposées aux employés responsables de la violation de la loi américaine.

Selon le Wall Street Journal, cette impression de mauvaise volonté caractérisée - au moins initialement - explique que le régulateur bancaire new-yorkais insiste aujourd’hui, pour qu’à défaut de poursuite, les individus responsables de falsification de documents relatifs aux transactions en dollars avec le Soudan, soient démis de leur fonction.

D'autres sujets de négociations sont en cours tels que l'admission explicite de culpabilité, le paiement d’une amende importante ou encore des sanctions limitant les activités de la succursale de BNP-Paribas à New York - par exemple, interdire ne serait-ce que pour quelques mois, à BNP Paribas de traiter des virements en dollars, serait particulièrement handicapant et lui ferait perdre des clients.

La Belgique, actionnaire de la BNP, inquiète

De son côté, la Belgique suit avec inquiétude les démêlés juridiques de BNP Paribas aux Etats-Unis. La Belgique pourrait devenir doublement victime de la lourde amende qui menace BNP-Paribas aux Etats-Unis. L’Etat belge est actionnaire à hauteur de 10,3% de la banque française, précise notre correspondant à Bruxelles, Grégoire Lory.

L’année dernière, les dividendes ont rapporté 192 millions d’euros à la Belgique. Si la sanction record contre BNP Paribas devait se confirmer, la banque pourrait alors envisager en conséquence de ne pas verser d’intérêt en 2014, ce qui entraînerait alors un manque à gagner pour la Belgique.

Mais au-delà de la question des dividendes, il y a un autre enjeu plus stratégique. Les autorités s'interrogent régulièrement sur une sortie du capital de BNP-Paribas. Elles se sont fixé pour seuil minimum une action à 58 euros mais le cours actuel frôle seulement les 51 euros. La Belgique doit donc s’interroger sur sa stratégie mais une semaine après les élections fédérales, le gouvernement démissionnaire ne peut qu’expédier les affaires courantes.

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