Etats-Unis: BNP-Paribas sous la menace d’une lourde sanction

La banque française BNP-Paribas est menacée d'une amende record de plus de 10 milliards de dollars ainsi que d'un retrait de sa licence bancaire aux Etats-Unis. L'établissement est accusé d'avoir contourné l'embargo en vigueur contre Cuba, l'Iran et le Soudan, d’après le Wall Street Journal.

Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua

Selon le Wall Street Journal, le montant potentiel de l’amende a doublé car BNP-Paribas a réalisé un niveau très important de transactions en dollars entre 2002 et 2009 sur des pays frappés d’embargo aux Etats-Unis comme l’Iran, le Soudan et Cuba. Les procureurs américains sont outrés que la banque ait, selon eux, délibérément maquillé la documentation de ses transactions pour ne pas se faire repérer par le système de paiement de la Réserve fédérale (FED) de New York.

Les procureurs accusent aussi BNP-Paribas de ne pas avoir pleinement coopéré avec eux pendant longtemps. Si ces transactions, légales en Europe, avaient été en euros et non pas en dollars, les autorités américaines ne les auraient jamais vues passer.

Retrait de licence

Mais le montant de l’amende n’est pas la seule question qui fait l’objet d’une négociation. Les procureurs américains envisagent aussi d’interdire temporairement à BNP Paribas de mener des transactions en dollars, ce qui serait très handicapant pour le géant européen.

Enfin, sur le modèle qu’ils viennent d’essayer avec le Crédit suisse, les procureurs exigent que la banque française plaide coupable de violation de la loi, une admission qui, selon la direction de BNP-Paribas, pourrait gravement nuire à sa réputation.

« Aujourd’hui, les autorités américaines surfent sur un sentiment anti-banque qui fait qu’il y a une surenchère dans les sanctions contre la finance internationale, explique ainsi Eric Delannoy. Le Crédit suisse en a fait les frais, il n’y a pas très longtemps, avec une amende de 3 milliards de dollars. La deuxième raison, c’est qu’aujourd’hui, on est dans une lutte économique qui se transforme en une lutte politique dans la mesure où BNP Paribas est un des fleurons de la finance européenne, et on ne peut pas s’empêcher de penser que, derrière cette décision, les Etats-Unis cherchent à affaiblir ce fleuron. Surtout que, par exemple, l’embargo américain sur l’Iran va bientôt prendre fin [et que] de gros contrats seront à la clé : affaiblir une banque comme BNP Paribas, qui serait en pointe pour repartir sur du commerce avec Téhéran, ne serait pas une mauvaise chose pour l’économie américaine. »

Ce vendredi 30 mai au matin, l'action de la banque a chuté de près de 6% à l'ouverture de la Bourse de Paris. Les responsables français espèrent pouvoir réduire le montant de l'amende à 8 milliards de dollars.

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