France: forte hausse des demandeurs d'emploi sans activité en février

En France, trois jours après le 1er tour des municipales, alors que François Hollande demande au gouvernement de travailler avec « plus de force, plus de cohérence et plus de justice sociale », les derniers chiffres du chômage ont été publiés. Et les nouvelles concernant le mois de février ne sont pas bonnes.

Fin février, 3 millions 347 700 demandeurs d'emploi sans activité ont été recensés en métropole. Une nouvelle hausse, donc, de l'ordre de 0,9% par rapport au mois de janvier. Pôle emploi a en effet enregistré 31 500 nouveaux inscrits dans la catégorie A (sans aucune activité). En y incluant ceux qui exercent une petite activité, le nombre total de chômeurs en France métropolitaine s'établit à 4,9 millions.

Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, tempère note une légère baisse de personnes inscrites à Pôle emploi en activité réduite. Signe, pour elle, de la précarisation du marché du travail : « Aujourd’hui il faut savoir qu’il y a plus de 70 % de contrats qui sont signés en France qui sont des contrats de moins d’un mois. Ça veut dire qu’on a un certain nombre de gens qui sont dans une situation précaire et qui vont alterner entre des périodes de chômage complet et des périodes d’emploi ; d’emploi à temps partiel ou d’emploi très court. On a aujourd’hui en France un marché du travail qui est de plus en plus dual, avec d’une part des gens qui sont en CDI, qui ont été plutôt moins touchés par la crise, et d’autre part des personnes qui sont dans une situation extrêmement précaire et qui vont alterner des périodes de chômage, des périodes de sous-emploi ». Pour cette économiste, c’est quelque chose qui s’est énormément développé depuis le début de la crise et qui montre que les entreprises demeurent extrêmement frileuses aujourd’hui. Les entreprises qui embauchent, le font sur des contrats très courts, souvent en intérim ou en CDD. « Sauf politique de l’emploi supplémentaire annoncé par le gouvernement, jusqu’à la fin de l’année 2015 on aura probablement encore un taux de chômage qui restera très élevé », explique Marion Cochard.

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C'est donc un nouveau coup dur pour le gouvernement, à quatre jours du second tour des municipales. L'exécutif maintient ses réformes avec, notamment, les emplois aidés. Mais ces politiques tardent à porter leurs fruits. Quant au pacte de responsabilité, pièce maîtresse de la politique de François Hollande, il ne sera pas dévoilé avant le mois d'avril. Et il faudra attendre au moins un an pour juger des effets positifs de ces mesures sur l'emploi.

Faute de croissance suffisamment vigoureuse, il est difficile de parier sur une véritable reprise de l'emploi cette année, estime Bruno Ducoudré, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.  « Alors on s’attend quand même à une croissance plus forte en 2014 qu’en 2013. Nous on prévoit autour de 1,2 % de croissance. Par contre, on ne s’attend pas tout de suite à des créations d’emploi. Cette reprise de la croissance va d’abord se traduire par une baisse des sureffectifs dans les entreprises. Donc les gens vont travailler plus, avant que les entreprises ne commencent à embaucher.Et puis par ailleurs, vous avez la population active qui augmente. Vous avez des entrées sur le marché du travail qui sont plus importantes que les sorties. On s’attend quand même à ce que la politique d’emploi, aidée et menée par le gouvernement, continue à jouer positivement sur l’emploi non marchand, les contrats aidés, ça, ça va quand même atténuer la hausse du chômage. Nous, on s’attend à une stabilisation du chômage en 2014, peut-être une légère hausse dans le courant de l’année ».

 

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