Comme à son habitude, Arnaud Montebourg a mis les pieds dans le plat. Avant l'annonce officielle, il a déclaré que l'offre de Bouygues pour racheter SFR était rejetée, au profit de Numéricable. Une décision contrariante, pour le ministre du Redressement productif, qui n'avait pas caché sa préférence pour Bouygues, et qui s'est heurté au conseil de surveillance de Vivendi qui n'a pas suivi son avis.
Dans le secteur particulièrement sensible de la téléphonie mobile, innovant et pourvoyeur d'emplois, le gouvernement a suivi de très près l'évolution des négociations. À Matignon, tout en refusant de faire part d'une préférence pour l'une ou l'autre des offres de rachat, on explique qu'il y avait trois points de vigilance : la préservation de l'emploi, l'investissement et la qualité du service rendu aux consommateurs. Des exigences exprimées dès le départ auprès des deux protagonistes et sur lesquelles on entend bien continuer à être attentif.
Cette position est d'ailleurs sur le fond identique à celle d'Arnaud Montebourg, mais sur la forme, moins interventionniste que celle du ministre du Redressement productif.
Dans ce dossier, Arnaud Montebourg a en effet une nouvelle fois essayé de faire pencher la balance en mettant la pression publiquement. Mais ce volontarisme affiché encore une fois n'aura finalement rien changé.
Un vainqueur et deux vaincus
C'est finalement l'option qui maintient quatre opérateurs de téléphonie mobile en France qui l'emporte. Une décision aux conséquences multiples
Vivendi va entrer en négociations exclusives avec Numéricable pendant trois semaines pour finaliser la vente de SFR, laissant de côté l'offre de Bouygues. Numéricable offre 11,750 milliards d'euros et 32% du capital de la nouvelle entité formée avec SFR. Il s'est également engagé à ne pas supprimer d'emplois. Le choix d'Altice, la maison-mère de Numéricable cotée à Amsterdam, est une manifestation d'indépendance du conseil de surveillance de Vivendi, qui a estimé la solution Numéricable plus pertinente pour les actionnaires et les salariés du groupe. La bourse a salué cette annonce en propulsant l'action Numéricable de plus de 13% tandis que Bouygues perdait 5,5%. L'opération compte un vainqueur Numéricable et deux déçus. Bouygues bien sûr, mais aussi l'opérateur Free qui espérait bien profiter de l'opération pour récupérer le réseau des antennes de Bouygues alors qu'il ne dispose pas de son propre réseau.