La mise en vente de SFR agite les opérateurs français

Les grandes manœuvres sont lancées dans le secteur français des télécoms. Le n°2 de la téléphonie mobile, SFR, est à vendre. Le câblo-opérateur Numéricable est sur les rangs, de même que Bouygues Telecom, dont l'offre a marqué les esprits.

SFR, c'est tout de même 21 millions de clients dans le mobile. Alors, quand Vivendi, la maison-mère, annonce qu'elle veut recentrer ses activités sur le secteur des médias et, pour cela, soit introduire SFR en bourse, soit céder l'entreprise, on comprend que cela agite un marché partagé entre 4 opérateurs : Orange (le n°1), SFR, mais aussi Bouygues et Free.

Pour Orange, l'opérateur historique aux 27 millions d'abonnés, l'opération est impossible. On voit mal les autorités de la concurrence autoriser la constitution d'un mastodonte à près de 50 millions de clients.

Pour Bouygues, l'occasion est belle de grandir d'un coup

Cela permettrait au groupe de passer de 11 à 32 millions de clients et donc de devenir n°1 du secteur, ce qui garantit de belles perspectives à long terme. Le géant du BTP a donc proposé 10,5 milliards d'euros à Vivendi, plus une participation de plus de 40% dans le nouvel ensemble. Mais Bouygues pourrait se heurter au même problème qu'Orange, celui de l'avis des autorités de la concurrence.

C'est pour cela que Bouygues a sorti cette fin de semaine son atout maître : un accord avec Free, alors que les deux patrons Martin Bouygues et Xavier Niel ne s'apprécient guère, pour lui céder l'intégralité de son réseau mobile, ses 15 000 antennes en France, pour seulement 1,8 milliard d'euros. Ainsi Bouygues arrive avec une solution clé en main. 2 grands opérateurs : Orange et l'ensemble Bouygues-SFR et un plus petit, Free, qui vient de passer la barre des 8 millions d'abonnés mobiles, mais avec un réseau digne de ce nom, ce qui n'était pas le cas jusqu'ici, et un vrai potentiel de développement.

Satisfaction générale

Les protagonistes, bien sûr, mais aussi l'État affichent leur satisfaction. Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg affiche clairement sa préférence pour un retour à trois opérateurs. Les services de l'Etat sont persuadés que l'actuelle concurrence, voulue par la précédente majorité, est néfaste à terme et devrait aboutir inévitablement à la disparition d'un acteur, avec des milliers d'emplois perdus à la clé.

Pour Arnaud Montebourg, il y a 3 priorités, l'emploi, la localisation en France des activités et l'investissement, ce que Martin Bouygues est prêt à garantir. Le président de l'autorité de la Concurrence, Bruno Lasserre, explique quant à lui que l'accord entre les frères ennemis Bouygues-Free peut être de nature à accélérer la procédure. Les syndicats ne se montrent pas particulièrement inquiets. Quant aux marchés financiers, c'est l'enthousiasme. Bouygues et Free gagnaient beaucoup de terrain à l'ouverture ce lundi. Bref, tout le monde a l'air d'être content.

Tout le monde est content, sauf Numéricable

L'action de l'entreprise perd beaucoup de terrain, ce lundi. Et pourtant, l'offre de Numéricable n'est pas inintéressante. Pour Vivendi, le vendeur, d'abord, qui récupérerait quand même 500 millions d'euros de plus dans l'affaire, mais une participation moindre. Et puis le patron suisse de la maison mère cotée à Amsterdam, Patrick Drahi, fait valoir que les activités de Numéricable et SFR, fixe et mobile, sont très complémentaires et qu'elles vont dans le sens de ce qui se fait actuellement en Europe et dans le monde.

Les associations de consommateurs ont également un doute. L'arrivée de Free sur le marché du mobile avait provoqué une véritable baisse des prix. Des prix qui resteront bas, c'est ce que promet Bouygues Telecom la main sur le cœur.

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