C’est un courrier cinglant que Maurice M. Taylor Jr, PDG de Titan International a adressé à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif et que le journal Les Echos a dévoilé mardi 19 février. Dans une lettre en anglais datée du 8 février, le patron de Titan, qui a renoncé à reprendre l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, raillent les ouvriers français « qui ne travaillent que trois heures par jour ».
La lettre est apparemment une réponse à un courrier d’Arnaud Montebourg, demandant à Titan d’entamer des discussions pour une reprise de l’usine d’Amiens-Nord menacée de fermeture. « Pensez-vous que nous soyons stupides à ce point ? », interpelle le PDG de Titan dans sa lettre. Et de poursuivre : « Titan a l'argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu'a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. Le fermier français veut des pneus bon marché. Il se moque qu’ils viennent d’Inde ou de Chine ».
« Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers »
Maurice M. Taylor Jr conclut d’une déclaration sans appel : « Titan va acheter une entreprise de pneus chinoise ou indienne, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n'est pas intéressé par l'usine d'Amiens-Nord ».
Arnaud Montebourg a refusé de commenter cette lettre. « Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France », a-t-il dit. Au passage, dans sa missive, le PDG du groupe américain prévoit un avenir sombre aux activités du géant français du pneumatique Michelin en France. « Dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France », dit-il.
Le représentant de la CGT, majoritaire à l'usine d'Amiens, Mickaël Wamen a estimé que la lettre était une « insulte totale ». « Ce n'est pas une lettre incendiaire, c'est une lettre insultante », a réagi Mickaël Wamen. Le patron de Titan « envoie un signal fort, c'est que ce directeur d'une multinationale est plus près d'un asile psychiatrique que de pouvoir tenir les rênes d'une multinationale », estime aussi le syndicaliste.
Goodyear a annoncé fin janvier que l'usine d'Amiens-Nord allait fermer, menaçant 1 173 postes, et provoquant un tollé politique en France, où plusieurs sites industriels sont promis à la fermeture. Cette situation est très délicate pour le gouvernement puisqu'il se retrouve en difficulté.
Arnaud Montebourg avait annoncé le 12 février que Titan, société américaine spécialisée dans la fabrication des pneus agricoles notamment, ne reviendrait pas à la table des négociations pour une reprise de l'usine.