Le Libor, c’est quoi au juste ? Le « London Interbank Offered Rate » - ou Libor - définit le prix auquel les banques se prêtent de l’argent. Plus le Libor est haut, plus emprunter devient cher, et donc plus les banques gagnent de l’argent. Or ce sont les banques qui fixent elles-mêmes ce taux interbancaire. C’est en en effet l’Association des banques britanniques qui recueille chaque jour auprès d’une vingtaine de grandes banques le niveau d’intérêt auquel elles empruntent, éliminant le quart des valeurs les plus élevés et le quart des valeurs les plus faibles de l’échantillon pour calculer la moyenne des valeurs restantes.
Ces taux monétaires déclaratifs sont censés refléter la santé du secteur bancaire et échappent à tout contrôle des régulateurs. Ce sont près de 366 000 milliards d’euros qui s’échangent ainsi chaque année sur la base de ces taux, qui servent de référence à la fois pour des crédits accordés aux particuliers et aux entreprises, ou bien encore pour des CDS (credit default swap) et autres produits dérivés complexes.
Barclays, la première banque épinglée
En Grande-Bretagne, une enquête pénale a été ouverte sur ce scandale de manipulations de taux d’intérêt. Elle est menée par l’Office britannique de lutte contre la délinquance financière. Dans son collimateur : la Barclays, HSBC, Citigroup, Royal Bank of Scotland ou encore UBS. La banque Barclays a été la première à admettre, le mois dernier, qu’elle avait manipulé les taux interbancaires Libor et Euribor durant la crise financière entre 2005 et 2009.
La Commission du Trésor de la Chambre des communes devait entendre, ce lundi 16 juillet, le président de l’Autorité britannique des services financiers et l’ancien directeur des opérations de Barclays. Trois hauts dirigeants de la banque ont déjà démissionné, dont l'ancien patron Bob Diamond qui a renoncé aux bonus engrangés cette année, quelque 25 millions d’euros. Le 27 juin dernier, Barclays a également annoncé qu’elle allait payer, après négociations, environ 360 millions d’euros pour mettre fin aux enquêtes menées par les régulateurs britannique et américain.
Douze milliards d’euros
Après la Grande-Bretagne, c’est au tour des Etats-Unis de préparer des poursuites pénales. Si l’on en croit des informations du New York Times, des dizaines d'établissements comme notamment les banques Citigroup et JP Morgan ainsi que leurs traders sont impliqués. Cette enquête de la justice fédérale américaine s’ajoute à celle menée par l’Autorité de régulation financière, la SEC, et à un certain nombre de plaintes en nom collectif. Et pourtant dès 2008, le secrétaire d’Etat américain au Trésor Timothy Geitner avait mis en garde les autorités britanniques contre les risques de manipulation du Libor.
Ailleurs en Europe, des autorités de régulation des marchés, ainsi que la Commission européenne, ont également lancé des enquêtes. Plusieurs grandes banques sont soupçonnées d’avoir manipulé le Libor par des fausses déclarations. Parmi elles, les établissements suisses UBS et Crédit Suisse, ainsi que la banque allemande Deutsche Bank. Et si l’on en croit des informations rapportées par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, Deutsche Bank a demandé à bénéficier d’un statut de témoin repenti, qui lui permettrait d'atténuer les dommages financiers. Un scandale, qui en termes de frais de justice et d’images, pourrait coûter plus de 12 milliards d’euros au monde de la finance, selon une première estimation de la banque d’investissement Morgan Stanley.