Pour le premier tour déjà, la CGT (Confédération générale du travail) avait appelé à voter contre le président sortant. Une marque d'un désamour profond avec le chef de l'Etat. C'était en effet la première fois depuis 1995 et sa volonté d'autonomie par rapport au Parti communiste que le syndicat de Bernard Thibault donnait des consignes de vote explicites.
Pourtant, après son élection en 2007, Nicolas Sarkozy avait entamé un dialogue avec le principal syndicat français. Il souhaitait parvenir à réformer le marché du travail avec le moins de casse possible, quitte à faire des concessions aux bastions tenus par la CGT, notamment les cheminots. Il avait également fait voter une loi sur la représentativité syndicale favorisant les grandes centrales. A cette époque, le président louait « le sens des responsabilités » des syndicats français.
Mais fin 2010, la réforme des retraites imposées par le gouvernement met la CGT dans la rue et sonne la fin du dialogue. D'autant qu'à l'approche des élections, Nicolas Sarkozy s'en prend aux syndicats pour mieux s'adresser directement à la classe ouvrière. Et Bernard Thibault se repositionne clairement à gauche, notamment en rencontrant officiellement Jean-Luc Mélenchon.
Depuis, la guerre est déclarée. Nicolas Sarkozy dénonce les syndicats qui feraient de la politique au lieu de défendre les travailleurs, et la CGT mobilise contre le président-candidat. Ca sera encore le cas dans l'optique du second tour, puisqu'elle a appelé à le faire battre. Il est selon elle « nécessaire » d'élire un « nouveau président de la République » au nom du progrès social. Une façon plus que directe d'appeler à voter François Hollande.