Qui connaît Jim Yong Kim ? La question était sur toutes les lèvres le 23 mars dernier lors de la présentation, par Barack Obama, sur la pelouse de la Maison Blanche, du candidat américain à la présidence de la Banque mondiale. Depuis le 23 mars, on en sait un peu plus sur ce médecin de 52 ans qui sera amené à succéder à Robert Zoellick, à compter du 30 juin.
Né en 1959 à Séoul, Jim Yong Kim émigre avec sa famille aux Etats-Unis cinq ans plus tard. Son parcours est digne du rêve américain. Après des études de médecine à Harvard, suivies d’un doctorat en anthropologie, il s’engage dans l’humanitaire en lançant dans les années 1990 Partners in Health, une association qui fournit traitements et moyens de prévention aux populations des pays pauvres.
Active à Haïti, puis au Pérou, l’ONG fondée par Jim Yong Kim connaît un très grand succès, grâce notamment à l’implication directe des communautés concernées. Ces méthodes serviront d’ailleurs de modèle à l’Organisation mondiale de la Santé, qui les applique à compter de 1998 à son programme de lutte contre la tuberculose. De 2003 à 2006, il dirige le département Sida de l’OMS, avant d’être nommé, en 2009, à la tête de l’université de Dartmouth. Dr Kim, comme on le surnomme parfois aux Etats-Unis, devient le premier Américain d’origine asiatique à diriger l’une des universités les plus prestigieuses de son pays.
Parcours atypique
Pour un futur président de la Banque mondiale, ce parcours est atypique à plus d’un titre. D’abord, Jim Yong Kim n’a aucune expérience gouvernementale – à l’inverse de sa rivale malheureuse, Ngozi Okonjo-Iweala, plusieurs fois ministre des Finances du Nigeria. Ensuite, et surtout, il n’a aucune expertise en matière économique et financière. Ses nombreux détracteurs n’ont pas manqué de le souligner au cours des semaines qui ont précédé sa désignation : à leurs yeux, c’est un économiste aguerri et un financier avisé qu’il faut choisir pour diriger la Banque mondiale, et non un médecin, aussi brillant soit-il.
Une critique habilement rejetée par le principal intéressé, dans l’un des rares entretiens qu’il a accordé à la presse. « Le développement économique et la lutte contre la pauvreté sont si compliqués, déclarait-il au New York Times le 9 avril 2012, que je pense qu’il n’y pas un seul parcours ou une seule discipline qui suffisent à s’attaquer à ces grands problèmes de l’humanité. » Et de conclure : « la Banque mondiale a beaucoup de macro économistes extrêmement expérimentés, et j’ai hâte de travailler avec eux ! ».