Chypre dégradée, l’île paie au prix fort les conséquences de la crise grecque

Après Standard and Poor’s, Moody’s a décidé de dégrader à son tour la note financière allouée à la dette chypriote, ce mardi 13 mars 2012. Un coup dur pour une économie fortement liée à celle de la Grèce, et qui a subi de plein fouet les répercussions de la crise venue d’Athènes.

C’est la première victime collatérale de la restructuration de la dette grecque : l’économie chypriote est désormais considérée comme un placement « spéculatif » par l’agence de notation Moody’s. En clair, l’agence déconseille aux investisseurs de parier sur Chypre, allant même jusqu’à placer la note allouée à Nicosie sous perspective négative.

Dans son communiqué, Moody’s justifie sa décision par le risque grandissant de voir le gouvernement chypriote voler au secours de ses banques, en raison de leur exposition à la dette grecque. De fait, depuis le début de l’année, les principales banques de l’île ont l’une après l’autre annoncé des pertes colossales pour 2011 – un milliard d’euros pour Bank of Cyprus, la première du pays… et l’addition en 2012, après la restructuration de la dette grecque conclue le 8 mars, risque d’être encore plus salée.

Pour Moody’s, les pertes subies par les établissements chypriotes du fait de cette restructuration pourraient représenter jusqu’à 20% du PIB du pays – ce qui entraînera forcément, à ses yeux, une mise à contribution financière de l’Etat, et donc une dégradation des finances publiques. Autre motif d’inquiétude pour l’agence de notation : les difficultés de l’économie chypriote depuis le début de la crise financière. En 2009, l’île a connu sa première récession depuis trente ans, suivie d’un répit tout relatif en 2010 (+1%) et d’un nouveau recul en 2011 (-0,7%).

Pactole gazier

Mais derrière ces chiffres préoccupants, Moody’s relève tout de même plusieurs raisons d’anticiper, d’ici à 2013, une amélioration des fondamentaux économiques chypriotes. D’abord, en raison du plan d’austérité budgétaire engagé depuis novembre 2011 par les autorités de Nicosie – sous la double injonction de la Commission européenne et du FMI.

Afin d’éviter un recours à l’aide internationale, le gouvernement chypriote a relevé les impôts et gelé les traitements des fonctionnaires : autant de mesures qui devraient permettre, estime l’agence de notation, de réduire de trois points de PIB les déficits publics en 2012.

Autre élément encourageant, aux yeux de Moody’s, la découverte en 2011 de gisements de gaz naturel au large des côtes chypriotes. Ce champ gazier, baptisé « Aphrodite », pourrait receler jusqu’à 224 milliards de m3 de gaz – un véritable pactole qui pourrait se chiffrer en centaines de millions d’euros de revenus pour l’Etat chypriote… Et qui pourrait aider Chypre à se sortir plus vite que prévu de l’impasse financière et économique dans laquelle elle se trouve. Ces découvertes gazières lui ont déjà permis, à titre d’exemple, d’emprunter plus de deux milliards d’euros à la Russie afin de boucler son budget 2012.

Malgré la crise grecque, et la fragilité de ses banques, Chypre espère trouver dans son sous-sol les richesses qui lui permettront de retrouver, à terme, la confiance des agences de notation et des marchés financiers.

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