Les banques françaises accusent des pertes historiques

Malgré l'accord européen sur la Grèce, la crise de la dette reste au cœur des préoccupations des investisseurs. Et ce sont notamment les valeurs financières des banques françaises qui accusent le coup en raison de leur exposition à la dette grecque. Elles pourraient perdre jusqu’à 25 milliards d’euros, soit 13% de leurs fonds propres.

D’après le Trésor public c’est un fait « parfaitement gérable », qui ne met pas en danger la santé, et « encore moins la survie des banques françaises ». Pour l’instant…

Le nouveau sauvetage de Dexia se profile

Et c’est Dexia qui accuse l'une des pires performances financières jamais enregistrées en France. Soit 11,6 milliards d'euros de pertes ! Cette perte s'explique en partie par le coût du démantèlement de la banque franco-belge, décidé l'année dernière. Mais en partie seulement, car sa descente aux enfers avait commençait bien avant. La banque avait déjà perdu 3,3 milliards d'euros en 2008, année de son premier sauvetage par les Etats français, belge et luxembourgeois alors qu'elle ne parvenait plus à emprunter sur les marchés, situation similaire à celle qui a causé sa perte l’automne dernier.

Plombée par sa trop forte dépendance aux marchés pour se financer, ainsi que par un portefeuille d'obligations gigantesque qui comprenait une importante exposition à la Grèce, Dexia a vu plusieurs de ses contreparties (établissements qui lui prêtaient de l'argent) se détourner d'elle à la fin de l'été 2011. En conséquence de quoi, à la fin de l’année le cours en Bourse de la banque franco-belge s'est effondré à de 88%.

Ces pertes proviennent à la fois de la cession de sa banque de détail, Dexia Banque Belgique (4 milliards d'euros), de la liquidation progressive de son gigantesque portefeuille obligataire (2,6 milliards) et du fait de son exposition à la crise grecque (3,4 milliard d'euros). Avec la cession de l'activité de prêts aux collectivités en France, deuxième grand volet du plan de démantèlement validé début février, Dexia a enregistré 984 millions d'euros de pertes supplémentaires.

Dexia a sollicité une nouvelle fois la protection des Etats belge, français et luxembourgeois. Elle a également interpellé la Commission européenne. La survie de la banque dépend de l'approbation par Bruxelles de son plan de sauvetage et de l'octroi d'une garantie de 90 milliards d'euros de la France et de la Belgique à un coût non prohibitif. Retour à la case départ, en quelque sorte…

Crédit aAgricole SA accuse des pertes historiques

Même triste bilan pour Crédit agricole SA. Le Crédit agricole, déjà touché par l’abaissement de sa note d’un cran par l’agence Moody’s en septembre dernier (de « Aa1 » à « Aa2 ») a maintenant des problèmes avec son entité cotée. Crédit agricole SA accuse une perte nette de 1,4 milliard d'euros, creusée par la crise grecque, et notamment par les pertes de la filiale grecque, Emporiki. Sur le seul quatrième trimestre de l'année passée la banque a enregistré sa perte historique, soit plus de 3 milliards d'euros.

En attendant la stabilisation

Malgré l'accord européen sur la Grèce les grandes banques françaises (Crédit agricole, BNP Paribas et Société générale) continuent de perdre de l'argent. Et en même temps elles soutiennent qu’elles subviendront toutes seules à leurs besoins de refinancement. Engagés comme beaucoup de leurs confrères européens dans de plans de réduction de bilan et de cessions d'actifs, les banquiers français essayent de rassurer les investisseurs sur les perspectives de 2012. Parmi eux notamment la nouvelle direction de BNP Paribas. Après le quatrième trimestre plombé par la crise, la banque a fait état d'un bon début d'année dans sa banque d'investissement. Tous comptent sur la stabilisation de la zone euro.

La crise mondiale est loin d’être finie, et les 25 milliards de pertes des banques françaises pourraient encore augmenter dans les prochains mois.

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